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LA SHINÉMATHÈQUE

LA SHINÉMATHÈQUE

« La connaissance s'accroît en la partageant. »

Manhunt (Rovdyr)

Manhunt (Rovdyr)
Réalisé par Patrik Syversen, avant-première française le 27 septembre 2008
Titre original : Rovdyr

Avec Henriette Bruusgaard, Lasse Valdal, Jørn Bjørn Fuller Gee, Nini Bull Robsahm, Jorunn Kjellsby, Janne Beate Bønes, Kristina Leganger Aaserud, Trym Hagen...

"Été 1974. Quatre amis partent pour un week-end de détente dans les bois. En chemin, ils sont attaqués par des hommes armés qui les assomment un par un. Ils se réveillent esseulés en plein coeur de la forêt et entendent le son d'un cor de chasse..."




Mon avis
:
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Alors qu’aucune date officielle n’a pour le moment été annoncée en France (du moins, à ma connaissance), cela fait déjà près d'un an et demi (le 4 janvier 2008 pour être précis) que Manhunt (Rovdyr) est sorti dans son pays d’origine. Néanmoins, cette production norvégienne réalisé n'est pas tout à fait inédite en France puisque certaines salles françaises ont déjà pu en proposer quelques séances exceptionnelles à l'occasion d'évènements particuliers (à l'instar du festival du Film Fantastique de Strasbourg par exemple, où il fut projeté pour la première fois en septembre 2008).  De fait, c’est grâce au partenariat mis en place entre le Forum des Images et le magazine spécialisé L'Écran Fantastique que j’ai ainsi eu l’occasion de découvrir ce long-métrage réalisé par le novice Patrik Syversen lors d'une récente soirée spéciale organisée à Paris récemment dans les cadre des fameuses "Nuits Fantastiques" ; avec le Maniac de William Lustig en bonus (yes !), mais uniquement en VO non sous-titrée (bouarf...).

Bref, passé une introduction évoquant fortement le récent Severance de Christopher Smith, on comprend rapidement que le jeune réalisateur (25 ans, à peine) est un grand amateur des films d'horreur à l'ancienne ; c'est d'ailleurs à peine s'il tente de dissimuler (
sommairement) ses emprunts évidents aux grands classiques du genre sortis durant les seventies. L'action de Manhunt (Rovdyr) se déroule donc en 1974. Ce qui – curieuse coïncidence ( ?) – correspond exactement à l’année de sortie du mythique Massacre la tronçonneuse. Les premières minutes du long-métrage semblent d’ailleurs avoir été calquées – presque à la virgule près – sur le classique de Tobe Hooper ; ou serais-je plutôt tenté de dire sur son remake réalisé Marcus Nispel en 2003. On y découvre donc un groupe d'amis parcourant les routes retirées d'une forêt norvégienne à l'occasion d'un week-end de détente (avec comme musique de fond un thème que tout amateur de La Dernière maison sur la gauche de Wes Craven connaît parfaitement puisqu’il s’agit du  fameux "Wait for the rain" de David Hesse). Renforçant d’autant plus cet hommage appuyé, le van Volkswaggen dans lequel ils font ce voyage est étrangement similaire à celui utilisé dans le film de Marcus Nispel (et, bizarrement, aussi à celui du "Scooby-Gang", mais c’est une autre histoire…) et l’héroïne blonde aime toujours poser ses pieds sur le tableau de bord, tandis que son petit ami installé derrière le volant s'impose rapidement comme le chef de la joyeuse bande... Cela va de soi que l'insouciance des passagers sera rapidement bouleversée après leur arrêt malencontreux dans une station-essence crasseuse aux chiottes dégueulasses (obsession du détail, quand tu nous tiens). Un bouge évidemment tenu par une vieille bouseuse hirsute à l'hospitalité toute relative, et servant visiblement de repaire à une belle brochette de  vraisemblablement consanguins, dans lequel ils rencontreront une auto-stoppeuse traumatisée en état de totale catatonie (l'éternel porte-poisse qu'on aurait mieux fait d'éviter) qu'ils vont bien charitablement emmener avec eux avant qu'une inévitable panne de voiture en pleine cambrousse ne viennent signer leur arrêt de mort ; la traditionnelle séance d'humiliation sordide et l'impitoyable chasse à l'homme dans les bois étant bien entendu au programme des "réjouissances" à venir...

Inutile de dire que, pour ceux qui connaissent déjà le film de Tobe Hooper ou celui de Marcus Nispel, ça sent franchement la redite ; l'image granuleuse et poisseuse à souhait ne faisant que renforcer cette impression. D'ailleurs, le plus gros intérêt de Manhunt (Rovdyr) va rapidement consister à retrouver toutes les sources d'inspiration de son jeune réalisateur. En lui-même, le film n'a d'ailleurs rien de franchement innovant en comparaison de tous les survival moviesqui inondent régulièrement nos salles obscures. Au contraire, Patrik Syversen va même se faire un malin plaisir à reprendre tous les codes inhérents au genre (jusqu'à l'héroïne fragile se muant progressivement en guerrière impitoyable), ainsi que ses clichés (le film n'évitant pas les facilités scénaristiques et autres retournements attendus grotesques). En fait, hormis le fait que les personnages parlent norvégiens, rien ne différencie vraiment ce produit d'un film de genre américain. Après Massacre à la tronçonneuse, le réalisateur va ainsi puiser son inspiration dans le survival forestier Délivrance de John Boorman et ses chasseurs arriérés libidineux (ce qui nous voudra donc quelques moments mémorables sexuellement explicites et une utilisation franchement merdique de l'inévitable arc à flèches ; passage d'autant plus risible lorsque l'on vient tout juste de voir un OSS 177 : Rio ne répond plus clairement second degré lui en revanche...). Là encore, malgré sa volonté visible de rendre hommage aux classiques des seventies (de piller ?), Manhunt (Rovdyr) semble davantage se rapprocher d'un ersatz nord-européen du plus récent Détour mortel de Rob Schmidt, tant le film pêche par excès de modernité. On d'ailleurs bien du mal à croire que l'action se déroule dans les années 1970 car, à l'écran, Manhunt (Rovdyr) a tout du long-métrage typique d'aujourd'hui, avec ce que cela suppose de tics de mise en scène et d'effets éculés (on est donc bien loin de l'esprit des vieux classiques dont il cherche à se rapprocher). Le côté malsain de l'ensemble évoque d'ailleurs souvent le Wolk Creek de l'australien Greg McLean, et sa conclusion n'est pas rappeler non plus le récent Eden Lake du britannique James Watkins (on n'échappera pas non plus au clin d'œil – involontaire ? – à l'inévitable Saw de James Wan dans un passage que je vous laisse le soin de découvrir). À noter aussi l'astuce bien trouvée du cor de chasse annonçant le danger (telle une alarme anti-attaque nucléaire), même si la méthode a déjà été éprouvée par Christophe Gans sur son Silent Hill.

Manhunt (Rovdyr)« Il ne peut plus rien nous arriver d'affreux maintenant... »

Mais si cette "hommage cinéphile" a parfois des allures de "manque flagrant d'imagination", Patrik Syversen affiche clairement son ambition de réaliser avant tout un film d'horreur classique et a au moins le mérite de ne pas chercher à le noyer sous un inutile embrouillamini philosophico-mystico-spirtuel  (exit donc le boogeyman masqué surnaturel et invincible ; même si la sauvagerie des prédateurs anonymes du film n'a rien à envier à celle de l'impitoyable tueur incarné par Philippe Nahon dans le Haute Tension d'Alexandre Aja). Axant surtout ses efforts sur la recherche d'efficacité immédiate, on peut dire que le réalisateur va droit au but (le film n'excède d'ailleurs pas 1h20) ; affichant rapidement la couleur (rouge, forcément) et les généreux morceaux de barbaque saignante. Entre deux plans sur les shorts très courts de nos jeunes victimes (filles... et garçons !), c'est effectivement un véritable festival sanglant de boyaux, de tripailles et de lambeaux de chair déchiquetée (à l'arme blanche, via des tirs bien placés ou par des barbelés entremêlés)qui attend l'amateur de gore. Et c'est bien à ce niveau-là, dans sa représentation graphique de l'horreur, que Manhunt (Rovdyr) excelle. Bien loin du grand-guignolesque ridicule d'un Hostel ou de la surenchère visuelle risible d'une énième séquelle de Saw, le film de Patrik Syversen laisse peu de place à l'ironie amère et emprunte plus volontiers la voie du premier degré viscéral. À l'instar d'un Wolk Creek ou d'un Eden Lake donc, les meurtres representés à l'écran sont d'une extrême cruauté et la souffrance endurée par les pauvres victimes particulièrement éprouvante. D'autant que les maquillages réalisés par Dorte Pedersen et Jim Udenberg sont particulièrement réussis et réalistes ; en témoigne un saisissant éclatage de cheville très douloureux. On est bien loin du "gore fun" de certains teen movies actuels, même si j'ai toutefois regretté que le réalisateur n'aille pas toujours au bout de son propos et foire complètement certains passages à fort potentiel horrifique (à l'instar de cette séquence d'évidage corporel qui aurait franchement gagné à être mieux exploitée). De surcroît, le long-métrage s'inscrivant visiblement plus dans l'horreur réaliste du quotidien que dans le divertissement flippant du samedi soir, certaines facilités scénartistiques fâchent énormément. Passé une exposition un peu longuette des différents personnages, Manhunt (Rovdyr) semble alors soudaindement rattrapper le temps perdu en faisant miraculeusement avancer l'intrigue.

La forêt devient alors un véritable trésor de guerre truffée de mille armes bien pratiques lorsque l'on doit faire face à une horde armée de chasseurs sans pitié. Couteau planté dans le sol, fusil à pompe ou encore arc et flèches (ce qui vaut se pesant de cacahouètes rassies) apparaissent ainsi comme par magie à chaque fois que les personnages en ont besoin. Bien qu'ultra jouissif et doté d'une tension tirée au cordeau, le passage de la tente perd de fait énormément en efficacité de par son manque de vraisemblance (bien pratique ce tueur tête en l'air qui a une vie pressante et "oublie" malencontreusement son arme juste à côté de l'héroïne...). D'accord, ce genre d'astuces est courant dans les films d'horreur. Mais pour un long-métrage lorgnant visiblement vers le réalisme, ça ne pardonne pas. D'autant que, ce qui n'arrange rien, les personnages s'avèrent également assez peu crédibles. Monolithiques et stéréotypés au possible, ils incarnent rien de plus que les figures traditionnelles et imposées du genre : l'innocente blonde un peu niaise, le chef de bande caractériel et impulsif, la rebelle grande gueule, l'introverti trop gentil... En outre, les dialogues qu'ils débitent étant assez peu intéressants (mais heureusement très expurgés), il est bien difficile d'avoir le moindre soupçon d'empathie pour eux. Et comme trop souvent lorsqu'il s'agit d'un film d'horreur, leur stupidité chronique ne permet aucune identification possible. Patrik Syversen sacrifie ainsi trop vite le personnage le plus prometteur (celui qui avait le plus de personnalité du moins) pour se focaliser uniquement sur le plus abruti du lot. Complètement décérébrée, l'héroïne ne cesse ainsi de se jeter sans raison dans la gueule du loup (« Tiens ! Et si j'hurlais comme une conne pour être certaine que les méchants me trouvent ! » ; « Tiens ! Et si je courrais d'un coup dans le sens opposé de mon pote pour être sûre de me retrouver toute seule et sans défense ! » ; « Tiens ! Et si j'apparaissais bien visiblement devant le tueur en chouinant plutôt que d'essayer de le choper par derrière ! » ; « Tiens ! Et si je me refugiais dans le campement des vilains pour être certaine qu'ils me trouvent plus rapidement ! » ...). Et bien entendu, si les méchants semblent d'abord ultra bien organisés et pratiquement invicibles, ils devienent d'un coup complètement cons et incapables dès lors que l'heroïne commence à se rebeller. Quant au retournement final, il se devine des kilomètres à la ronde, alors... Question réalisme, on repassera.


Niveau réalisation, c'est plutôt soigné en revanche. Les décors sont particulièrement bien mis en valeur et la mise en scène nerveuse a le bon goût de ne pas céder à cette désagréable mode du cadre tremblotant. Toutefois, en multipliant à l'excès les gros plans serrés systématiques, Patrik Syversen désamorce trop souvent la tension mise en place par un montage quelque peu hasardeux. Bien que l'éclatage de cheville soit effectivement très réussi d'u point de vue visuel, la mise à mort qui suit tombe ainsi quelque peu à plat tant elle laisse peu de place au suspense (les intentions du tueur étant trop lourdement illustrées à l'image pour que le doute puisse s'insinuer ne serait-ce qu'un instant). Joli mais sans surprise, Manhunt (Rovdyr) rate donc un peu son objectif et s'avère au final bien moins réjouissant qu'un Eden Lake ou La Colline a des yeux ; ressemblant davantage à un produit opportuniste formaté qu'à une véritable révolution viscérale du genre (certes divertissemant, mais assez anecdotique donc). Malgré tout, si le long-métrage pâtit d'un manque flagrant d'originalité, Patrik Syversen semble jouir d'un certain potentiel dans le domaine. En disposant d'un script plus inspiré et novateur, il serait donc tout à fait capable de créer la surprise. Affaire à suivre...


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C
Voilà un film que j'ai beaucoup aimé. Surtout pare qu'il m'a rappelé l'age d'or des survivals qui dans les années soixante-dix nous offraient de petits bijoux.
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S
<br /> <br /> Bonsoir CinemArt et bienvenue dans mon humble chez moi !<br /> <br /> Je comprends aisément que Manhunt puisse plaire.<br /> <br /> Mais, pour ma part, il est bien trop proche de ses modèles et ce manque flagrant d'originalité m'a beaucoup gêné.<br /> <br /> En outre, le réalisateur sembler viser le réalisme, mais le caractère grossier de son script et ses personnages peu travaillés vont plutôt dans le sens du divertissement crétin. Du coup, j'avoue<br /> m'être assez ennuyé...<br /> <br /> Amicalement,<br /> <br /> Shin.<br /> <br /> <br /> <br />