« La connaissance s'accroît en la partageant. »
14 Août 2013
Il faut bien le dire : Robert Schwentke n'a jamais été un réalisateur extraordinaire. Même s'ils se laissaient gentiment suivre, ses précédents longs-métrages – Hors du temps avec Rachel McAdams et Eric Bana, Fight Plan avec Jodie Foster et Sean Bean – n'avaient quand même rien de franchement mémorable. Toutefois, son récent Red – où Bruce Willis partageait la vedette avec John Malkovitch, Helen Mirren et Morgan Freeman – avait pu nous permettre de constater que celui-ci était tout à fait capable de livrer un divertissement honnête mêlant action, démesure et second degré avec une belle efficacité. R.I.P.D. Brigade Fantôme étant tout comme Red adapté d'un comic et leurs ambitions semblant assez similaires, il n'était donc pas utopique d'espérer là encore ce divertissement honnête qui nous aurait tranquillement fait passer un bon petit moment à défaut de révolutionner le genre ; et ce malgré une campagne promotionnelle basée sur des affiches assez laides et une bande-annonce pas géniale qui n'avaient rien pour rassurer. Bon, autant le dire dire tout de suite, R.I.P.D. Brigade Fantôme est un gros ratage.
Comme le laisser supposer la bande-annonce, il s'agit donc ici d'une sorte de Men In Black bis (qui était également issu d'un comic à succès) agrémenté d'une bonne couche de Ghostbusters. On retrouve donc le même duo composé du vieux briscard irascible et de la jeune recrue insolente, la même organisation gouvernementale secrète, les mêmes gadgets technologiques, les mêmes flingues exorbitants, et les mêmes vilains menaçant le monde à éliminer ; les extraterrestres du film de Barry Sonnenfeld ayant seulement été remplacé par les fantômes de celui réalisé par Ivan Reitman. Le premier problème de R.I.P.D. Brigade Fantôme tient dans le manque total d'équilibre et d'alchimie de son duo principal. Car là où l'exubérance de Will Smith ou de Bill Murray était systématiquement contrebalancée par la nonchalance de Tommy Lee Jones ou de Dan Aykroyd, le manque de charisme de Ryan Reynolds parvient assez mal à exister aux côtés du jeu outrancier de Jeff Bridges. Par sa romance mièvre, R.I.P.D. Brigade Fantôme rappelle également Ghost de Jerry Zucker ; les emblématiques Patrick Swayze et Demi Moore ayant simplement été remplacés par un Ryan Reynolds peu inspiré et une certaine Stephanie Szostak (ne cherchez pas, je ne sais pas plus que vous qui sait !).
Si Ryan Reynolds reste éminemment sympathique, cet habitué des adaptations de comics sur grand écran – il a auparavant interprété Deadpool et Green Lantern – n'avait visiblement pas l'envergure pour ce rôle et la comparaison inévitable avec Will Smith ne joue clairement pas en sa faveur. A contrario, Jeff Bridges – qui hérite ici d'un rôle à l'origine conçu pour Zach Galifianakis – paraissait tout à fait capable de camper un personnage haut en couleurs aussi mémorable que l'Agent K incarné par Tommy Lee Jones. Malheureusement, si son cabotinage de cowboy texan excentrique amuse beaucoup les premières minutes (je trouve d'ailleurs dommage qu'il "perde" aussi rapidement ce chapeau qui lui donnait tant d'allure), l'interprète mythique de The Big Lebowski en fait de telles caisses que sa fanfaronnade finit juste par grave souler (avec cette très désagréable impression parfois d'assister à une mauvaise parodie de True Grit). Pour le reste, on retiendra surtout le trop rare Kevin Bacon (dans son éternel rôle de gros enfoiré) et une Mary-Louise Parker en roue libre qui parvient l'exploit d'être encore plus mauvaise que dans Red (c'est pour dire). Mais R.I.P.D. Brigade Fantôme ne déçoit pas seulement par son manque d'originalité scénaristique et sa direction d'acteurs foireuse.
Visuellement, le long-métrage de Robert Schwentke est d'une laideur infâme. Franchement, devant une telle bouille informe de pixels hideux, on a dû mal à croire qu'il s'agisse du même studio Rhythms & Hues ayant reçu l'Oscar des meilleurs effets visuels L'Odyssée de Pi. Aussi inimaginable que cela puisse paraître, j'en ai presque regretté l'affligeant La Ligue des Gentlemen Extraordinaires (pourtant l'un des films les plus esthétiquement moche de l'histoire du cinéma !). Et la mise en scène hasardeuse du réalisateur allemand n'arrange rien : la plupart des scènes étant shootées à la va-comme-je-te-pousse ; à l'instar de cette bataille finale illisible, en plus d'être complètement stupide. Alors, c'est censé être l'apocalypse mondiale, mais seuls les deux losers du coin – ils se sont fait virés – sont envoyés pour l'empêcher (où sont les autres agents, comme ce fameux Jackson ? que font les brigades des autres villes ?). Et puis, le coup des balles magiques – qui évitent soigneusement les gentils statiques alors qu'elles atteignent systématiquement les méchants en mouvement – ça devient vraiment lassant. Sans parler des doubles qui apparaissent sans aucune logique, ou des rencontres humains / créatures aux conséquences jamais traitées ; là où un MIB avait justement eu la pertinence d'utiliser le fameux flashouilleur de mémoire. D'ailleurs, si on avait pu flashouiller la mienne à la sortie de la salle...
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Oreo33 18/09/2013 15:02
Oreo33 18/09/2013 10:54
Shin 18/09/2013 11:22
Oreo33 16/09/2013 14:50
Shin 18/09/2013 11:31
Oreo33 16/09/2013 14:47
Oreo33 13/09/2013 20:37
Shin 15/09/2013 14:05