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LA SHINÉMATHÈQUE

LA SHINÉMATHÈQUE

« La connaissance s'accroît en la partageant. »

Le privilège racial : une hypocrisie de classe ?

Les morts de George Floyd et Tony Timpa (l'un noir, l'autre non) aux États-Unis, ou de Adama Traoré et Cédric Chouviat (l'un noir, l'autre non) en France, dans des circonstances dramatiquement similaires (étouffement suite à un possible étranglement brutal), illustrent par les faits un constat évident : contrairement à une idée très en vogue actuellement, la question des violences policières ne saurait se résumer à un simple problème de racisme ; qu'il s'agisse d'un racisme spécifiquement anti-noirs ou d'ordre plus général.
 
George Floyd Tony Timpa Adama Traoré Cédric Chouviat
George Floyd, Tony Timpa, Adama Traoré, Cédric Chouviat

Bien évidemment, la police dénombre son lot de racistes, d'homophobes, de misogynes, de spécimens violents, mais aussi et surtout de personnes aspirant à exercer leur profession avec honneur et respect. Je suis sans doute un peu naïf, mais j'aime à penser qu'une majorité ne s'engage pas dans la police par haine des autres et désir d'assouvir ses plus bas instincts barbares, mais a contrario avec l'envie d'aider son prochain et de contribuer à un idéal de justice où le crime et l'iniquité n'auraient pas leur place dans la société. La police n'est pas raciste, homophobe, misogyne ni même violente. Elle se divise en une multitude d'individus aux personnalités différentes. Et c'est précisément l'individu portant l'uniforme qui peut, par ses actes, et non en raison de son métier, se comporter de façon raciste, homophobe, misogyne ou violente. Un tel individu ne représente d'ailleurs même pas sa profession (supposée protéger et servir), il lui fait honte. En se conduisant ainsi, ce simulacre de "policier" pervertit ainsi l'image que son uniforme devrait représenter. Car s'il existe effectivement des racistes, des homophobes, des misogynes et des individus violents, cette réalité est celle de n'importe quel corps de métiers : médecins, professeurs, pompiers, politiciens... et donc policiers. Quelques ripoux suffisent souvent à dégrader le travail et l'image de la police. Mais il en va de même avec ces bandes de voyous qui continuent de pourrir l'existence et l'image des habitants de banlieue. Une population, quelque qu'elle soit, ne devrait pourtant jamais être amalgamée à une minorité de nuisance. Policiers ou autres. Car les policiers ne sont pas moins humains que les autres ; avec ce que cela suppose de failles et d'outrances. 

Il suffit d'ailleurs de voir comment se comportent tous ces fameux "petits chefs" en entreprise pour comprendre à quel point certains confondent, bien trop souvent, "autorité" et "autoritarisme". Et c'est précisément en vertu du fait que les policiers soient des humains avant tout, et non pas de vulgaires machines déshumanisées, qu'ils ne peuvent pas se défausser sur le système et doivent aussi assumer leur responsabilité personnelle. En effet, "obéir aux ordres" n'est pas une excuse ni une justification : « un grand pouvoir implique de grandes responsabilités » comme disait l'autre ; à plus forte raison lorsque ces "ordres" peuvent conduire à la mort d'êtres humains. Et c'est pourquoi les violences policières doivent être systématiquement dénoncées, peu importe qui en est la victime. Dans ces affaires, les thèses s'opposent et se contredisent tellement qu'il semble parfois bien peu aisé de déterminer la réalité des faits : antécédents pathologiques, refus d'obtempérer, délits de fuite... ou juste rien d'autre qu'une interpellation un peu trop musclée. Bien des causes pourraient être trouvées, confirmées ou contestées, mais les conséquences n'en resteraient pas moins les mêmes : la mort de quatre hommes. Qu'il s'agisse de citoyens modèles ou de multirécidivistes importe peu en l'espèce. Dans un État de droit, personne ne devrait être ainsi exécuté, sans autre forme de procès. Surtout qu'il n'était pas question ici de courses-poursuites malencontreuses qui auraient mal tourné, mais d'hommes qui en auraient volontairement étouffé d'autres hommes via un écrasement brutal ayant entraîné la mort ; quand bien même celle-ci serait involontaire (c'est à la justice de trancher).

Derek Chauvin Tou Thao  J. Alexander Kueng Thomas Lane
Derek Chauvin, Tou Thao, J. Alexander Kueng, Thomas Lane

Pour revenir au sujet qui occupe l'actualité depuis plusieurs jours, à grand renfort de #BlackLivesMatter sur tous les réseaux sociaux, une interrogation demeure. En effet, aussi intolérables que puissent être les circonstances ayant entraîné la mort de George Floyd (1), qu'est-ce qui justifie réellement de définir cette tragédie de crime "raciste" ? Qui a décidé que ce regrettable fait divers relevait effectivement du racisme ? Sur les images diffusées à la planète entière, un policier est montré en train de plaquer un individu au sol et de provoquer sa mort. Si la violence criminelle exposée par cette vidéo ne fait aucun doute, la notion de racisme ne demeure qu'une simple interprétation, et rien ne permet d'affirmer clairement que George Floyd ait véritablement été tué en raison de sa couleur de peau. Sur les quatre policiers impliqués dans la mort de George Floyd, deux étaient blancs (dont le principal accusé Derek Chauvin), mais deux ne l'étaient pas (Tou Thao est d'origine asiatique et J. Alexander Kueng est un métisse noir). Et pourtant, c'est à la communauté blanche qu'il sera exclusivement demandé de rendre des comptes. Quand bien même cette tragédie n'aurait aucune motivation raciste avérée. Comme l'a constaté CNN (2), Derek Chauvin n'en était effectivement pas à son premier abus du genre. En 19 ans au sein de la police de Minneapolis, 18 plaintes ont ainsi été déposées à son encontre, et 16 seize ont été classées sans suite. Pire encore, outre sa personnalité agressive, Derek Chauvin connaissait personnellement George Floyd, avec lequel il avait eu des frictions dans le passé (3). Tout porte donc à croire ici qu'il ne s'agissait, finalement, que d'un vulgaire règlement de comptes comme il en existe malheureusement souvent. Mais alors, dans le cas, pourquoi le sujet n'est-il tout simplement pas celui de l'impunité de la violence policière aux États-Unis ? Comment ce crime a-t-il pu devenir le symbole du racisme à travers le monde et amener tous ces blancs à ployer le genou pour affirmer leur croyance en une soi-disant culpabilité raciale collective ?

À l'évidence, George Floyd n'est pas davantage une victime du racisme que ne l'étaient Tony Timpa (4), Cédric Chouviat (5) ou encore Adama Traoré (6). Inexplicablement devenu lui aussi le symbole d'un prétendu racisme policier (ou "gendarme" en l'occurrence), ce dernier n'avait pourtant pas été non plus tué parce que noir. En effet, c'est suite à l'interpellation de son frère pour extorsion de fonds avec violence – durant laquelle il avait tenté de fuir à plusieurs reprises – que le jeune homme trouva la mort (7). Si la question des violences policières pourrait encore se poser, la question du racisme n'a vraiment rien à faire ici. Car ces individus n'ont pas – jusqu'à preuve du contraire – été tués en raison de leur couleur de peau. Ce ne sont que les victimes tragiques de policiers ayant probablement outrepassés leurs fonctions. Sauf en cas de légitime défense et d'absolue nécessité, le rôle de la police n'est effectivement pas de tuer, mais de protéger. Reste à savoir qui elle protège. Car, ce qui unit ici ces défunts, au-delà de leur mort tragique donc, ce n'est pas la couleur de leur peau, mais bien leur condition sociale. Aucun d'entre eux n'appartenait à ce qu'il convient d'appeler la "classe privilégiée" ; tout du moins, selon la définition classique de l'économiste Max Weber (auquel j'accorde bien plus de crédit qu'à Jeanne-Bourgeoisie en licence de socio à Tolbiac). Contrairement aux fables racontées par des pseudo artistes en manque de notoriété, les violences policières ne se résument donc pas à une question de couleur de peau. Les millionnaires Will Smith ou Omar Sy n'ont d'ailleurs pas grand-chose à craindre de la police, ils peuvent manifester dans les rues en toute tranquillité (au pire leur demandera-t-on un autographe). En revanche, le white trash américain et le gilet jaune français (8) se feront laminer la tronche par la première patrouille au moindre signe de protestation. Car – peu importe que tu sois blanc, noir, arabe, asiatique ou latino – les faibles (socialement) seront toujours plus exposés aux violences policières que les puissants.

Quelques gilets jaunes éborgnés

C'est ainsi que fonctionne la lutte des classes. Les forces de police seront toujours aux ordres de la catégorie dominante d'une société. Pour préserver l'ordre en place, et neutraliser les menaces contre celui-ci ; en particulier lorsqu'elles émanent du mauvais étage de la pyramide sociale. La plus belle imposture rhétorique des grands médias mainstream et de tous ces sociologues autoproclamés des réseaux sociaux est de nous avoir persuadé que la violence "systémique" n'était pas d'ordre social, mais d'ordre racial. Les dominants se moquent pourtant bien de ta couleur de peau, dès lors que tu détiens richesse et pouvoir. C'est pourquoi une tribune médiatique de Rokhaya Diallo (9) ou une pétition lancée par Omar Sy (10) auront toujours plus de chances d'aboutir que n'importe quelle action menée par le petit prolétaire blanc sans réseau. Ce qui n'empêchera néanmoins pas la première de se plaindre du soi-disant racisme "systémique" de l'État français (tout en étant continuellement invitée sur les plateaux de télévision et publiée dans de nombreux organes de presse), et le second d'avoir été désigné à plusieurs reprises personnalité préférée des français (pour lesquels le talent semble a fortiori avoir nettement plus d'importance – encore heureux ! – qu'une simple couleur de peau). Qu'un acteur noir jouisse d'une telle popularité en France montre bien l'imposture intellectuelle de tous les racialistes, décolonialistes, indigénistes, idéologues adeptes de la "déconstruction" victimaire, de la tyrannie de pénitence, et toujours les plus prompts à renvoyer la population française aux heures les plus sombres de son histoire tout en s'indignant à la moindre occasion. Enfin, presque. Car le point commun de tous ces gens, c’est leur propension à l’indignation sélective. On s’indigne des violences policières, mais pas de toutes les violences. On s'indigne des oppressions, mais pas de toutes les oppressions. Totalement soumis à l'impérialisme américain, ces colonisés mentaux finissent d'ailleurs par en reprendre expressions et langage (celui de leur maître idéologique). On s’indigne aussi du racisme, mais pas de tous les racismes. Lorsque des gilets jaunes se faisaient éborgner, qu'une jeune fille blanche se faisait violer à Evry en raison de sa couleur de peau (11) ou que Mamoudou Barry (12) se faisait massacrer par un supporter truc, le silence fut retentissant chez les "antiracistes".

Pour ces antiracistes de pacotille, l'important n'a jamais été la recherche de la vérité ou de la justice, mais la culpabilité ontologique et l'injonction communautaire. Inventer des persécutions leur permet ainsi de justifier le recours à la violence politique en la présentant comme légitime. Victimes contre bourreaux. Policiers contre jeunes de banlieue. Blancs contre noirs. Et c'est ainsi que le blanc est sommé de s'excuser d'un crime commis à l'autre bout du monde au simple prétexte que son auteur a la même couleur de peau. Et peu importe qu'il s'agisse véritablement d'un crime racial ; étant donné que toute injustice fait à un individu devient un tort fait à une communauté. Parallèlement, il nous est rappelé à grand renfort de #BlackLivesMatter que toutes les vies se valent. Ce qui est absolument exact : la couleur de peau de quelqu'un ne détermine pas sa valeur. Mais alors, pourquoi le blanc ne pourrait-il pas se sentir plus proche de son frère noir assassiné que de son bourreau (quand bien même celui-ci est blanc) ? En plus d'être particulièrement perverse, cette vague de culpabilité collective raciale qui nous arrive des États-Unis est profondément hypocrite. Quand bien même ils n'auraient aucun ancêtre esclavagiste, pourquoi les blancs devraient-ils, plus que quiconque, se sentir responsables de l'esclavage ? Aurait-on déjà oublié la traite intra-africaine entre tribus noirs ou la traite arabo-musulmane (pourtant la plus dévastatrice de toutes (13)) ? Et l'esclavage a beau avoir été intégralement aboli en Occident, c'est en Occident que l'on vandalise des statues (14). Pas en Afrique, ni ou Moyen-Orient, où pourtant l'esclavage continue toujours de se pratiquer. Comme cela est actuellement le cas en Mauritanie, en Lybie, ou encore au Qatar (15) (qui ne se prive pourtant pas de donner des leçons sur le sujet à l'Occident via AJ+ ; son média de propagande faussement progressiste). Pourquoi le mouvement #BlackLivesMatter n'a-t-il d'écho qu'en Occident ? Et pourquoi les beaux discours de tolérance deviennent-ils aussi silencieux face à la loi du marché ? Fort avec les plus faibles, mais faible avec les plus forts : le "courage" selon la définition progressiste.

Bethesda
Bethesda, un militantisme à géométrie variable

Aux États-Unis, cette dictature de l'émotion sur le réel prend d'ores et déjà des proportions totalement surréalistes. Ainsi peut-on voir des blancs laver les pieds des noirs en leur demandant pardon pour les années de racisme (16), alors que ceux qui refusent de se mettre à genoux commencent à être menacés de mort (17). Soumettez-vous à l'idéologie de responsabilité collective raciale ou soyez condamnés. En France, Yannick Noah va même jusqu'à expliquer que le "silence" des sportifs blancs le gêne (18). Une injonction à s'indigner qui peut paraître étonnante de la part de celui qui chantait « Je suis fier d'être métis, j'ai la chance de choisir (...) Je suis métis, un mélange de couleurs (...) Si j'ai besoin de repères, mes racines me guident ». Car si le sort de George Floyd aux États-Unis semble aujourd'hui affecter au plus haut point le sportif d'origine franco-camerounaise, le fait de rester "silencieux" ne semblait pas tellement le déranger lorsque des militaires du Cameroun assassinaient des dizaines de civils (parmi lesquels plusieurs enfants) le 14 février 2020 (19). Dans sa remarquable pièce de théâtre, Rhinocéros (que certains devraient vraiment étudier), Eugène Ionesco mettait en garde contre le totalitarisme et le comportement grégaire des masses qui suivent sans résister. Au sein de cette folie collective qui semble s'emparer du monde, refuser de rejoindre aveuglément le troupeau pourrait bien être le dernier signe de lucidité et de dignité. À plus forte raison lorsque ces "militants de l'antiracisme" montrent leur vrai visage. Plusieurs policiers noirs se sont ainsi fait traiter de "vendus" (20) par ces chantres de la lutte contre le racisme  ; en fait de véritables racistes estimant que l'origine ethnique de quelqu'un doit nécessairement correspondre à la grille de lecture idéologique qu'ils ont de la société. Et si l'on demande aujourd'hui aux policiers de se désolidariser des actes racistes perpétrés par l'un des leurs, j'aurais aimé (par exemple) que les journalistes soient aussi prompts à condamner leur collègue Taha Bouhafs lorsqu'il qualifiait la policière Linda Kebbab d' « arabe de service » (21)

En se référant à l'étymologie grecque du préfixe "anti" (signifiant "en face de / en opposition de"), il est aisé de comprendre en quoi sémantiquement l'antiracisme n'annule pas plus le racisme que l'antichambre n'annule la chambre ; ou le pot de chambre s'agissant de ceux qui concourent à ce renversement idéologique de la notion de racisme. Comme l'affirmait déjà avec justesse Pierre Desproges il y a plus de trente ans : « J'adhérerais à SOS-racisme quand ils mettront un S à racisme. Il y a des racistes noirs, arabes, juifs, chinois, et même des ocres-crèmes et des anthracites-argentés. Mais à SOS-machin, ils ne fustigent que le berrichon de base ou le parisien-baguette ». La lutte "antiraciste" ne pourra effectivement être légitime que lorsque qu'elle redeviendra ce qu'elle n'aurait jamais dû cesser d'être : un combat universaliste, pour lequel chaque vie compte. Et certainement pas lorsqu'il s'agit de céder le terrain de la lutte des classes pour s'engouffrer dans celui de la lutte des races. Il n'est d'ailleurs guère étonnant de retrouver les prémisses de cette trahison sociale d'un idéal de société sans classes au sein de la bourgeoisie bien-pensante. Le concept de "privilège blanc" fut ainsi popularisé par Peggy McIntosh (22) ; une bourgeoise blanche issue de l'élite aristocratique américaine qui – pour se déculpabiliser du fait d'être bien née – a transféré cette culpabilité morale à l'ensemble de son peuple. Sachant que tout jugement qui essentialise la race est par définition tout aussi raciste qu'une idéologie qui hiérarchise les races, il y a déjà de quoi être soupçonneux quant à la validité du concept. Mais celui-ci s'avère, in fine, bien plus pernicieux encore. Puisque, en confondant les avantages financiers dont elle a eu la chance de jouir depuis la naissance avec les bénéfices supposés que lui auraient octroyé sa couleur de peau (c'est-à-dire en substituant le social au racial), la théoricienne du "privilège blanc" s'est livrée à un travestissement du réel qui représente plus d'un avantage. Mais pour qui ?

Joe Biden Donald Trump
À qui profite le crime racial ?

En premier lieu, et contrairement à la culpabilité sociale, la culpabilité raciale est une culpabilité "gratuite". Car s'il est possible de cesser d'être bourgeois en renonçant à ses richesses et à ses privilèges de classe –comme avait ainsi pu le faire (temporairement) Simone Weil (23) en devenant ouvrière chez Renault afin de réellement connaître la condition prolétaire, un blanc ne peut pas cesser d'être blanc. Il n'est pas question ici d'un éventuel "blackface", mais bien d'une impossibilité biologique de fait. Et pour cause. Un bourgeois peut devenir pauvre, et un pauvre peut devenir bourgeois. Mais un blanc restera blanc. Cette culpabilité ontologique – qui se définit selon l'essence d'un être (ce qu'il est) et non pas selon sa volonté (ce qu'il fait) – constitue une atteinte grave au principe fondamental du droit régissant nos sociétés – selon lequel un individu ne peut pas être accusé d'être, mais seulement accusé de faire – et s'inscrit de fait dans une logique ségrégationniste. Surtout que cette culpabilité morale n'a que peu de conséquences sur la bourgeoisie ; vu que les premières victimes seront les éléments les plus faibles de leur propre communauté. Car non seulement ceux-là ne bénéficieront pas des avantages sociaux liés à la richesse et au pouvoir bourgeois, mais en outre ils devront porter le poids de cette culpabilité ontologique : celle d'être blanc. Une imposture idéologique de forme qui se vérifie d'ailleurs souvent par une hypocrisie de fait. Au cours de son existence, Peggy McIntosh n'aura ainsi jamais rien cédé à des associations caritatives et autres projets de défense des droits civiques, pas plus qu'elle n'aura donné de son temps à l'éducation des défavorisés, ni même œuvré à l'amélioration de l'ordinaire de quiconque ; si ce n'est le sien. Ainsi se sera-t-elle contentée de profiter d'un généreux salaire, sans jamais manifester de désir particulier de confier son poste à une personne de couleur plus méritante qu'elle, et tout ça avec l'assurance que son privilège de classe ne serait jamais remis en cause. Pile, je gagne. Face, les autres perdent.

Cette bonne conscience à moindre frais – étant donné que ce sont les autres qui en paient le prix – présente donc le double avantage de préserver le système bourgeois tout en inventant une fausse lutte interne prolétarienne. Diviser pour mieux (continuer à) régner, en fracturant les prolétaires en clans antagonistes afin d'éviter qu'ils ne s'unissent. Avec une conscience de classe suffisamment forte parmi les exploités, ceux-ci pourraient sans doute unir leurs forces pour défendre leurs intérêts communs et tenter d'abolir les inégalités sociales. Ce qui pourrait représenter une grave menace pour la classe dominante. Celle-ci a donc tout intérêt à maintenir l'ordre établi. En transformant ce possible renversement insurrectionnel des classes en guerre des races, la bourgeoise neutralise ainsi efficacement cette menace. Car si l'on peut se battre pour améliorer sa condition sociale, on ne peut pas changer notre ethnicité. Malgré huit années de Présidence, Barack Obama aura d'ailleurs totalement échoué sur la question raciale aux États-Unis ; la mort tragique d'Eric Garner en 2014 n'ayant pas empêché celle de George Floyd des années plus tard dans des circonstances similaires (24). Et ni les Secrétaires d'État Condoleezza Rice ou Colin Powell, ni les hauts magistrats ou hauts fonctionnaires noirs aux États-Unis n'auront fait améliorer les conditions de vie des classes laborieuses noires (pas plus que celles des autres ethnies cela dit). Ce qui n'est guère étonnant : un bourgeois reste un bourgeois. Les intérêts d'un bourgeois noir sont ainsi bien plus proches de ceux d'un bourgeois blanc que d'un prolétaire noir. Car, dans un système fondé sur l'inégalité sociale, ce n'est pas la couleur de peau qui détermine la place d'un individu. Le véritable "privilège" n'est donc pas de naître blanc, mais de venir au monde dans une famille aisée. Toute l'imposture idéologique postmoderne consiste justement à faire croire le contraire, en renforçant l'union bourgeoise tout en amplifiant la division prolétaire. Le riche noir peut donc expliquer au pauvre noir que son ennemi est le prolétaire blanc, pendant que la bourgeoisie blanche dira au prolétariat blanc que celui-ci est privilégié. Et c'est ainsi que s'éteint la lutte des classes sous un tonnerre d'applaudissements, les pauvres s'entretuant dans une guerre raciale qui ne profitera jamais qu'aux plus privilégiés de la société.

Molière / Les animaux malades de la peste

Dans un pays où la ploutocratie est la norme, et où les présidentielles se résument de plus en plus à un duel de milliardaires égocentriques, le fameux "rêve américain" d'une société méritocratique ressemble de plus en plus à un leurre. Et alors que Martin Luther King rappelait que « les gens ne devaient pas être jugés selon leur couleur de peau », voilà que certains voudraient un traitement différencié basé sur l'ethnie en adaptant les notations des élèves noirs (25), en faisant l'aumône aux commerçant noirs (26), ou en publiant une carte interactive "antiraciste" invitant à boycotter les restaurants tenus par des blancs (27). Soit tout le contraire d'une société basée sur le mérite des individus. Quelle ironie que le paternalisme soit devenu une vertu pour tous ceux et celles qui ne cessent de dénoncer le patriarcat. Éduquer ses enfants avec l'idée que les noirs ne peuvent pas réussir par eux-mêmes est pourtant la pire erreur possible et le meilleur moyen de les enfermer dans une morale de faible durant le reste de leur vie. Ce qui n'empêche pas tous ces politiques, journalistes, universitaires, acteurs, chanteurs, sportifs et autres millionnaires moralistes de continuellement nous abreuver de discours antiracistes victimaires qui légitiment l'idée que cataloguer quelqu'un au simple prétexte de sa couleur de peau est parfaitement normal. Les bourgeois privilégiés de toutes couleurs s'achètent ainsi une bonne conscience à moindre frais en promouvant une société tolérante et inclusive, où règne l'inégalité et le ressentiment. Le problème avec tous ces militants de l'antiracisme et principaux détracteurs du racisme anti-blancs (notez l'ironie), c'est qu'il s'agit très précisément de ceux qui sont les moins susceptibles d'en être victimes. Soit parce qu'ils ne sont pas blancs, et donc les moins à même de comprendre cette forme de racisme. Soit parce qu'ils ne vivent pas dans des lieux où le racisme anti-blancs et la violence peuvent exister. Ce qui fera dire à un Matthieu Kassovitz totalement déconnecté la réalité « Vous connaissez des gens armés dans la rue ? Personne n’est armé. » (28). Des propos qui auraient pu prêter à sourire si seulement un adolescent de 16 ans n'avait pas été tué par balles le soir même en Seine-Saint-Denis (29). Plus tard, Jean-Luc Mélenchon déclarera vouloir « une police aussi désarmée que possible pour qu'elle inspire le respect » (30) au moment même où une mini guerre civile communautaire à l'arme lourde opposait tchétchènes et maghrébins dans un quartier de Dijon (31). Certains syndicats de police expliqueront par ailleurs ensuite ne pas être intervenus afin d'éviter d'être accusés de racisme (32). « Jusqu'ici tout va bien... »

Une situation surréaliste et intolérable dont les premières victimes sont à nouveau les habitants tranquilles de ces territoires populaires délaissés. Des territoires où les forces de l'ordre – policiers, pompiers – n'interviennent plus, par choix idéologiques ou pour motifs plus impérieux. Néanmoins, laisser à penser que la situation de la France serait similaire à ce qui se passe aux États-Unis est une propagande aussi grossière que malhonnête. Pendant que les noirs luttaient pour leurs droits civiques dans les États-Unis ségrégationnistes des années 1950-1960 (où le racisme d'État était une réalité institutionnalisée), le petit-fils d'esclave Gaston Monnerville était Président du Sénat en France (ce qu'il fera pendant plus de deux décennies). Outre-Atlantique, aucun descendant d’esclave n'aura jamais occupé de fonction aussi importante. Si l'on peut se réjouir que Barack Obama ait été le premier Président américain noir, il ne faut pas oublier que son père n'était pas un africain américain, mais un africain (kényan) tout court. La symbolique est très différente. Et alors que les États-Unis ont institutionnalisé l'identité ethnique et que la question raciale y reste prégnante, l'abolition des privilèges en France demeure un héritage direct de la Révolution française et des mouvements sociaux des travailleurs du siècle dernier. En plus de n'avoir aucun sens historico-sociologique, l'importation de ces concepts et procédés américains chez nous est une totale hérésie politique. Si la question noire reste très inflammable aux États-Unis – comme en témoigne le tollé suscité par le récent faux pas de Joe Biden ironisant sur le fait qu'un noir ne pouvait pas voter Trump (33), parler de racisme "systémique" en France aujourd'hui est parfaitement grotesque dans la mesure où, bien au contraire, l'antiracisme y est systémique. Car non seulement les actes racistes ne sont le fait que d'une minorité largement désavouée par la majorité des français, mais il n'existe surtout aucune loi discriminante basée sur des critères ethniques dans notre pays. Et ce, même si certains "progressistes" autoproclamés aimeraient bien calquer (encore) les américains en instaurant des statistiques ethniques en France. Notons ici l'ironie de la situation : pendant que la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye prône le racialisme politique via la division communautaire (34), la présidente du Rassemblement National appelle à l'universalisme républicain en refusant le fichage ethnique de la population (35).

L'hallucinant article raciste de Laurianne Melierre n'aura pas tenu 24 heures (cette fois-ci)

Winston Churchill aurait un jour dit : « Les fascistes de demain s'appelleront eux-mêmes antifascistes ». Cette assertion semble tout à fait correspondre à ceux qui, aujourd'hui, se revendiquent comme antiracistes. Récemment, une ex-députée travailliste britannique a ainsi jugé raciste le fait que les Kellogg's Rice Crispies (céréales au riz soufflé nature) soient représentés par trois garçons blancs et les Coco Pops (céréales au riz soufflé chocolat) par un singe (36). Parce que, évidemment, le problème est la présence de cet animal sur un paquet de céréales, et absolument pas le fait qu'une "antiraciste" associe d'elle-même l'image d'un singe à un noir. La frénésie antiraciste n'ayant plus aucune limite, les marques Aunt Jemima et Uncle Ben's vont également devoir changer leur identité visuelle (37) ; quand bien même "Uncle Ben" faisait référence à un riziculteur de Houston connu pour la qualité de son riz, et que ce portrait souriant rendait hommage à Frank Brown, un maître d’hôtel de Chicago réputé pour son accueil chaleureux (38). En revanche, pas de chance pour les mexicains et les arabes : LU n'a toujours pas prévu de changer le nom de ces Pépito et Petit Beurre. Et pendant que des séries humoristiques sont retirées des plateformes BBC et Netflix pour "injure raciale" (39), des listes de films "problématiques" sont établies par des grands médias comme Variety – parmi lesquels Forrest Gump, Indiana Jones, L'Inspecteur Harry, Le Silence des Agneaux ou le pourtant très récent Once Upon a Time in Hollywood – afin d'être discrédités à travers une lecture progressiste totalement aberrante (40).  Sans parler du cas Autant en emporte le vent (sans doute le plus grand classique du cinéma) provisoirement censuré des écrans – suite à la pression de personnes voulant faire interdire un film qu'ils n'ont probablement jamais vu – avant que Warner ne le ressorte dans une nouvelle version assortie d'un avertissement contextuel (41). Une "contextualisation" qui sera alors totalement soumise à l'idéologie dominante et qui, par extension, fera de toutes les personnes ayant l'outrecuidance d'apprécier le film des racistes en puissance. Ce terrorisme de la pensée n'est pas sans évoquer la vision totalitaire de la société fasciste décrite par George Orwell dans 1984. Nous y voilà : les antifascistes d'aujourd'hui encouragent déjà le fascisme de demain. 

« Dangereuse, la foule l'est d'autant plus qu'elle cède aisément aux slogans, formules simplistes, érigées en dogmes. Réitérée, l'affirmation finit par engendrer un courant d'opinion. C'est alors que le puissant mécanisme de la contagion intervient ». Ces mots d'Eugène Ionesco résonnent désormais d'une façon tristement familière alors que "racisme systémique" et "privilège blanc" deviennent les nouveaux anathèmes des moralisateurs publics. Et comme le disait très justement le philosophe Spinoza : « l'homme ne désire pas une chose parce qu'elle est vraie, mais inversement, il la croit vraie parce qu'il la désire ». Parler de racisme systémique en France est un non-sens dans la mesure où pouvoirs publics, intellectuels et médias ont précisément fait de l'antiracisme le pivot idéologique de la société. Bien avant que les policiers ne tardent à intervenir dans le conflit communautaire de Dijon (par crainte d'accusations de racisme), Le Canard Enchaîné avait ainsi révélé que le ministère de l’Intérieur refusait d'appliquer le confinement à la lettre dans les banlieues (de peur qu’elles ne s’embrasent) ; quitte à provoquer un excès de mortalité exponentielle (42). Le même Christophe Castaner affirmera ensuite que « l'émotion dépasse les règles juridiques » (43). Un ministre de la République nous explique donc tranquillement que le ressenti est au-dessus des lois. L'État de droit est mort. Place au tribunal de l'émotionnel. Certains auraient-ils un "privilège d'opprimé" qui justifierait le fait que les lois soient facultatives pour eux ? Qui peut encore décemment affirmer que, au lieu de racisme, il existe plutôt un antiracisme systémique en France. L’honnêteté intellectuelle obligerait d'ailleurs à reconnaître que les manifestations non autorisées rencontrent bien plus d’indulgence de la part du pouvoir quand elles viennent des banlieues ou des antiracistes plutôt que des gilets jaunes ou des eurosceptiques patriotes (44). Récidiviste, Castaner évoque également la possibilité de suspendre des policiers en cas de "soupçons avérés". Une antinomie grotesque, mais dangereuse, qui sous-entendrait que la simple présomption pourrait se substituer à la réalité des faits. On nage en plein délire. La police n'était déjà pas respectée par une partie de la population, la voilà désormais désavouée par son propre ministre.

Autant en emporte le vent
ATTENTION : certaines scènes de ce flim peuvent heurter la sensibilité des personnes incapables d'utiliser leur cerveau correctement et de faire preuve d'un recul historique élémentaire

Loin de rendre service à qui que ce soit, cet antiracisme postmoderne va à l'encontre de l'esprit démocratique. Les minorités n'ont donc plus à s'adapter aux règles communes, c'est à la majorité de s'adapter aux desideratas de quelques minorités de nuisance dictant la norme commune. Des familles entières sont ainsi enfermées dans un rôle de "victimes" – en fait des victimes de l'antiracisme systémique – avec une police systématiquement perçue comme le mal absolu ; au point de vouloir censurer un dessin-animé jeunesse parce que son chien policier donne une image positive de la police aux enfants (46). Il faudrait donc que la police soit systématiquement présentée négativement ? La logique m'échappe encore. Et pourtant. Hier, des groupes de rap comme NTM ou IAM prévenaient les parents à coup de « Laisse pas traîner ton fils (...) Si tu ne veux pas qu'il glisse (...) Qu'il te ramène du vice » ou encore de « Petit frère rêve de bagnoles, de fringues et de thunes (...) De réputation de dur, pour tout ça il volerait la lune (...) Il collectionne les méfaits (...) Sans se soucier du mal qu'il fait, tout en demandant du respect ». JoeyStarr ou Akhenaton avaient beau cultiver leur image de bad boys, leurs textes tentaient d'apprendre aux gens à se responsabiliser, pour eux-mêmes et pour leurs proches. Aujourd'hui, la doxa dominante donnerait presque le sentiment que la vocation des parents de banlieue est de former des racailles en puissance qu'il faudrait absolument protéger de la méchante police. Comme s'il fallait continuer d'ignorer le fait que la majorité des violences urbaines ne provient justement pas de la police, mais du lumpenprolétariat incivique et barbare (que Karl Marx décrivait d'ailleurs comme les ennemis de la révolution prolétaire) (47) ; comme l'ont tristement rappelé les récentes échauffourées à l'arme lourde entre tchétchènes et maghrébins dans les rues de Dijon.

Si la dénonciation des brutalités policières parait légitime, il reste étonnant que l'intelligentsia ne soit pas plus prompte à condamner la violence qui gangrène les quartiers ; et dont la majorité des habitants tranquilles de ces banlieues sont les premières victimes. Cet aveuglement idéologique totale explique sans doute, au-delà de l'habituel calcul clientéliste, le fait que des personnalités comme Danièle Obono, députée de la République, ou Christiane Taubira, ancienne Garde des Sceaux, puissent déclarer que « la présence d'Assa Traoré aux européennes serait un beau symbole » (48) ou encore (toujours à propos de la sœur d'Adama Traoré) : « vous êtes notre chance, vous êtes aussi une chance pour la France, nous avons la chance de vous avoir » (49). Membre d'une fratrie de 17 frères et sœurs issue d'un père polygame marié à 4 femmes (2 blanches, 2 noires) (50), et notoirement connue pour ses nombreuses démêlés avec la justice (51), Assa Traoré s'est faite le symbole – jusque dans son look soignée évoquant Angela Davis – d'un récit factuellement faux : le crime raciste dont aurait été victime son frère Adama. Quand bien même son arrestation n'a rien à voir avec sa couleur de peau – deux des gendarmes l'ayant interpellé étaient d'ailleurs noirs (52), mais s'expliquerait plutôt au regard de ses antécédents policières qui l'auraient poussé à prendre la fuite au lieu de tranquillement obtempérer. Du coup, j'aimerai vraiment comprendre en quoi la sœur d'Adama Traoré serait un "beau symbole" ou "une chance" pour la France ? Un pays visiblement plus acceptable lorsqu'il s'agit d'y instrumentaliser la justice à ses fins (53)(54)(55), que pour y enterrer ses défunts ; la France n'ayant pas été jugée assez digne pour accueillir la dépouille de son frère Adama Traoré, qui fut donc inhumé au Mali (56). « La France, tu l'aimes ou tu la quittes » disait l'ancien Président de la République Nicolas Sarkozy. Pour la famille Traoré, il semblerait que la question "elle est vite répondue".

Assa Traoré et Angela Davis, réunies à l'occasion d'un entretien pour la revue Ballast en janvier 2019

Manipuler les faits, déformer le réel, travestir l'histoire. C'est bien souvent ainsi que ceux qui n'ont pas d'histoire à honorer procèdent. Quand la réalité est trop pénible, il faut la changer. Quitte à mentir, quitte à détruire. De façon plus incommensurable encore, on se rappelle tous des statues de Bouddhas millénaires de Bâmiyân détruites par les Talibans ou de la Cité antique de Palmyre ravagée par l’État Islamique. Comme toujours, les envieux médiocres ont toujours essayé de détruire ce que les autres ont réussi à bâtir. Aujourd'hui, on déboulonne et on vandalise des figures historiques du patrimoine culturel européen. Et pendant qu'un Vikash Dhorasoo voudrait des statues à l'effigie de Zinedine Zidane et de Kylian Mbappé (57)sa "culture" ne semblant pas aller au-delà du football – à la place de héros de guerre ayant sauvé la France, à Kinshasa l'on estime que « la statue de Léopold II (...) reflète une histoire, une mémoire (...) une référence pour nos enfants » (58). Voilà ce qui fait la différence entre un peuple qui a parfaitement saisi l'importance du devoir de mémoire, et un peuple qui tend à oublier son passé et se condamne à le revivre ; « la première fois comme une tragédie, la seconde fois comme une farce » précisait Karl Marx. Quelle ironique farce en effet que d'assister au spectacle surréaliste de tous ces antiracistes autoproclamés qui semblent considérer les noirs (ou toute autre minorité, ethnique ou sexuelle) comme des êtres si fragiles et si susceptibles qu’ils ne seraient pas en mesure de supporter d’être confrontées à la moindre petite offense ou "micro-agression" (qu'il s'agisse d'une statue, d'un film, d'un gag ou encore d'un vulgaire paquet de riz). Dernière une pseudo bien-pensance affirmée, ce type de discours n'est finalement rien d'autre que l'expression d'un paternalisme affreusement nauséabond et incroyablement condescendant.

Tout comme il est ridicule de vouloir faire reculer le racisme en tentant de culpabiliser individuellement et collectivement les blancs, il est tout aussi contre-productif de vouloir promouvoir l'antiracisme en faisant la promotion de l'identitarisme des minorités et en réduisant les individus à leur couleur de peau. Et pour cause : « ceux qui parlent de "privilège blanc" n’ont jamais vu un blanc pauvre » (59). Ces mots ne sont pas ceux d'un quelconque polémiste réactionnaire, mais de Jean-Luc Mélenchon, le leader de la France Insoumise, qui semble lui aussi avoir fini par comprendre la menace de communautarisme à tout crin. Plus radicale et sévère encore, Corinne Narassiguin, membre du Parti Sociale, et accessoirement d'origine réunionnaise, estime ainsi que cet "antiracisme" effréné est un cadeau empoisonné des "progressistes" aux "extrêmes" : « Ceux qui agitent la peur du "grand remplacement" auprès des populations blanches qui vivent au bord de la précarité, dans des zones économiquement sinistrées, loin des services publics, et qui ne se sentent pas du tout privilégiées. C’est faciliter la tâche de tous ceux qui se servent de la misère sociale comme arme de propagande raciste » (60). Après des années de scores électoraux en chute libre, certains à gauche semblent enfin se rappeler qu'une victoire n'est possible qu'avec le concours de la majorité ; tout comme le gain de cause des minorités ethniques ne saurait être obtenu sans le soutien de la majorité ethnique dominante. Une majorité ethnique dominante en nombre, mais socialement très disparate dans les faits donc ; comme c'est le cas de toute population de personnes ne pouvant collectivement se résumer sans risquer d'en nier les individualités. Il n'y a pas de République française sans liberté ; une liberté d'expression de plus en plus souvent remise en cause par le politiquement correct. Il n'y a pas de République française sans égalité ; une égalité de droits où l'émotion ne devrait jamais pouvoir supplanter la justice. Il n'y a pas de République française sans fraternité ; une fraternité entre citoyens d'un même pays où le séparatisme et la non-mixité n'ont pas leur place. Et ceci, pour le bien commun de tous. 

Thomas Sowell, économiste américain, à propos de la dictature de l'émotion

Sources :

(1) Le Courrier International (27/05/2020)
(2) 7sur7 (05/06/2020)
(3) Midi Libre (11/06/2020)
(4) LCI (01/08/2019)
(5) L'Express (09/01/2020)
(6) France Info (01/08/2016)
(7) France 3 Paris Ile-de-France (02/10/2018)
(8) AFP (04/04/2019)
(9) BFMTV (07/06/2020)
(10) Le Nouvel Obs (05/06/2020)
(11) Le Figaro (02/06/2017)
(12) L'Humanité (23/07/2019)
(13) Gallimard (17/01/2008)
(14) Challenges (12/06/2020)
(15) Le Monde Diplomatique (01/06/2016)
(16) AfrikMag (08/06/2020)
(17) L'Équipe (08/06/2020)
(18) France24 (08/06/2020)
(19) Jeune Afrique (22/04/2020)
(20) Huffington Post (10/06/2020)

(21) L'Express (04/06/2020)
(22) Le Point (30/09/2018)
(23) France Culture (03/12/2018) 
(24) 20 Minutes (19/08/2019)
(25) Le Figaro (11/06/2020) 
(26) La Dépêche (07/06/2020)
(27) Vice (16/06/2020)
(28) DHnet (05/06/2020)
(29) Le Parisien (06/06/2020)
(30) BFMTV (13/06/2020)
(31) Dernières Nouvelles d'Alsace (14/06/2020)
(32) France Police (16/06/2020)
(33) CNews (26/05/2020)
(34) Le Point (13/06/2020)
(35) Europe 1 (14/06/2020)
(36) BBC (16/06/2020)
(37) 20 Minutes (17/06/2020)
(38) France info (26/05/2018)
(39) Le Soir (12/06/2020)
(40) Variety (17/06/2020)

(41) L'Express (12/06/2020)
(42) 20 Minutes (03/04/2020)
(43) Public Sénat (11/06/2020)
(44) Le Média pour Tous (16/06/2020)
(45) Marianne (09/06/2020)
(46) JapanFM (12/06/2020)
(47) Ministère de l'Intérieur (08/03/2019) 
(48) France Info (25/10/2018)
(49) Le Figaro (11/06/2020)
(50) Libération (06/09/2016)
(51) Marianne (15/06/2020)
(52) Jeune Afrique (11/06/2020)
(53) Nouvel Obs (12/06/2020)
(54) France Info (19/06/2020)
(55) L'Express (12/06/2020)
(56) Le Monde (08/08/2016)
(57) Onze Mondial (20/20/2020)
(58) Le Point (12/06/2020)
(59) 20 Minutes (18/06/2020)
(60) Le Monde (09/06/2020)

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