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LA SHINÉMATHÈQUE

LA SHINÉMATHÈQUE

« La connaissance s'accroît en la partageant. »

Cabaret


Cabaret
"Allemagne, années 1930. Pendant que les nazis s’activent à mettre sur pied le Troisième Reich, dans la boîte de nuit berlinoise Kit Kat Klub, on retrouve la chanteuse Sally Bowles  et le Maître de cérémonie du club qui essayent, grâce à leurs divertissements extravagants, de faire oublier aux visiteurs les difficultés de la vie et les menaces grandissantes du monde extérieur…"

Musique et paroles : John Kander et Fred Ebb
Livret original : Joe Masteroff
Mise en scène et chorégraphies : Sam Mendes et Rob Marshall (version française de BT McNicholl)

Cabaret
Adaptation française :
Jacques Collard (livret),
Eric Taraud (paroles),
Susan Taylor (chorégraphie)
Equipe créative :
Emmylou Latour (costumes), Gaston Briski (son),
Peggy Eisenhauer et Mike Baldassari (lumières)
Avec sur scène :
Fabian Richard (EmCee),
Claire Pérot (Sally Bowles),
Virginie Perrier (Fräulein Kost)
Geoffroy Guerrier (Cliff Bradshaw), Catherine Arditi (Fräulein Schneider),
Pierre Reggiani (Herr Schultz), et Patrick Mazet (Ernst Ludwig)


La genèse d'un classique

À l’origine, Cabaret est une comédie musicale de Joe Masteroff qui s’inspire de la pièce de théâtre     I am a camera, de John Van Druten, et d’une partie du recueil Adieu à Berlin, de l'écrivain anglo-américain Christopher Isherwood.

Entourés de John Kander (compositeur), Ronald Field (chorégraphe) et Fred Ebb (qui signent les paroles), Harold Prince (qui avait auparavant produit, entre autres, West Side Story) monte la pièce pour la première fois en 1966 à Broadway en transformant le caractère dur et pessimiste de l’œuvre en une grande fête pathétique. Le personnage de l’énigmatique Maître de cérémonie, grimé comme l'image de la mort, machiavélique manipulateur, captera l’attention de tous grâce à l’interprétation de Joel Grey. Le spectacle obtiendra huit Tony Awards. Il restera plus de trois ans à l’affiche. Cet incroyable succès le fait rentrer dans le club très fermé des meilleures recettes de l'histoire du musical.

Une fameuse adaptation filmée sortira en 1972 et sera mis en scène par Bob Fosse. L'incontournable Joel Grey sera du casting au côté de Michael York ou encore de l’admirable Liza Minnelli. Le film connaîtra le succès que l’on sait et remportera huit Oscars.

Il faudra ensuite attendre 1998, et la version réalisée et mise en scène par Sam Mendes sur des chorégraphies de Rob Marshall, pour que Cabaret batte une nouvelle fois des records. Cette version, plus épurée et libertaire, va triompher durant six années consécutives à Broadway et obtiendra de nombreuses récompenses.

Après avoir été présenté à New-York, Londres, Madrid, puis Amsterdam, le spectacle s’installe à Paris, aux Folies Bergères, en octobre 2006. Il s’agit alors d’une version entièrement adapté et interprété en live par des artistes et musiciens français. En 2007, cette version française a été nommé six fois aux Molières (un record pour un spectacle musical) et obtenu trois trophées aux Musicals : meilleur musical dans une adaptation, interprétation féminine (Claire Pérot) et interprétation masculine (Fabian Richard).

Fort de son succès, le spectacle joue en ce moment même les prolongations… 

La vie est un grand cabaret

C’est cette version épurée, libertaire et succulemment transgressive que j’ai eu l’occasion fin 2007.

Dès l’arrivée, la magnificence du cadre bleu et or, assez guindé mais néanmoins classieux, des Folies Bergères a de quoi éblouir. Surtout lorsque, comme c’est mon cas, on est plutôt habitué à des scènes plus intimistes où se côtoient stars de la chanson, humoristes et artistes en devenir. À titre de comparaison scabreuse, la scène de L’Olympia, bien que mythique, ne m’avais pas autant impressionné par ses ornements. Bien sûr, n'étant allé ni au Lido (chose faite depuis), ni au Moulin Rouge, ni au Crazy Horse (hélas), ma comparaison apparaît comme assez limitée à ce sujet.

Bref, revenons à l'essentiel. La comédie musicale, d’une durée de 2h25 (avec une entracte de 15 minutes), commence à 20 heures. Mais, une près d'une bonne dizaine de minutes avant cette échéance officielle, un officieux spectacle s’offre à nous. En effet, les artistes du show entrent progressivement en scène. Ils s’échauffent, jouent faussement les poseurs, déambulent entre les fauteuils, taquinent le public. Le spectacle a déjà commencé.

J’avais déjà assisté à d’autres comédies musicales par le passé qui, disons, étaient plus clinquantes et formatées (à l’instar des Dix commandements ou du Roi Soleil ; c’est Dove Attia qui doit être content !), bien que très divertissantes et spectaculaires. Néanmoins, il s’agissait ici de mes premiers pas (si j’ose dire) dans l’univers du music-hall. Et je dois bien avoué qu’ils furent extrêment réjouissants !

Comme le promet en prélude EmCee, le flamboyant Maître de cérémonie du Kit Kat Klub, les filles sont magnifiques, les garçons sont magnifiques, l’orchestre est magnifique ! D’ailleurs, on peut ajouter que les serveurs et serveuses qui officient dans le Carré d’Or ne sont pas en reste non plus. Ce qui nous a encore plus dépités, avec ma chérie, de ne pas avoir pu y être, faute de place disponible. Cependant, malgré le fait que nous étions en balcon, nous avons pleinement apprécié le spectacle. Je pense même que les sensations ressentis sont très différente en fonction de la place que l’on occupe : immersion totale dans l’univers du Kit Kat Klub avec les serveurs et serveuses, impression d’assister à – ou plutôt de gentiment "espionner" – une tranche de vie au balcon.

Le décor, sur scène, très minimaliste, contraste avec la beauté du lieu. Un instant suffit à nous plonger dans ce délicieux libertinage de l’underground berlinois des années 1930. Les artistes chantent, dansent, jouent admirablement, ils sont beaux et délicieusement décadents sur scène. Mais, avant tout, ce sont de formidables comédiens.

Fabian Richard (Emcee), séduisant et charmeur, drôle et pathétique, est d’ailleurs celui qui, à juste titre, rafle un maximum d’ovations. Il faut dire aussi que son personnage est le plus riche du spectacle (et celui qui m’a déclenché le plus de rires incontrôlés : quelques soupçons de finesse et une bonne dose de grivoiserie suffit à mon bonheur en même temps !), et qu’il l’interprète à la perfection. J’ai d’ailleurs été très surpris d’apprendre qu’il avait été retenu à la dernière minute…

Et puis, bien sûr, il y a la flamboyante Claire Pérot qui, a seulement 24 ans, nous offre une présence sur scène et une puissance vocale qui n’a pas à rougir la comparaison avec son illustre devancière, la talentueuse Liza Minnelli ; son interprétation survoltée de la chanson phare "Cabaret" étant un grand moment d'émotion unique et inoubliable !

À vrai dire, moi qui ne connaissait mal le monde du music-hall et n’avait pas vu le film de Bob Fosse (à part quelques extraits des prestations de Liza Minneli ; "erreur" réparée depuis ^^), je dois avouer que l'étrangeté du propos de l’œuvre et sa densité romanesque m’ont ici agréablement surpris.

Intelligent, drôle, sensuel, subversif, délicieux, éblouissant… UNE RÉUSSITE !

Cabaret


Le site officiel : www.cabaret-lemusical.fr

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