DVD distribué par Walt Disney Home Entertainment , sorti le 6 décembre 2007
Contenu :
- Les premiers 13 courts-métrages de Pixar (de 1984 à 2007)
Bonus :
- L'histoire des courts-métrages (documentaire en v.o.s.t.)
- Commentaires audio sur 11 courts-métrages par le réalisateur ou les cinéastes
- 3 bonus cachés (Luxo Jr. pencil test, Beach Chair, Flags & Waves)
- Animations Pixar vues dans Sesame Street en v.o.s.t. (Surprise, Light and Heavy, Up and Down, Front and Back)
LES AVENTURES D'ANDRÉ ET WALLY B.
Réalisé par Lucasfilm en 1984 d'après une idée d'Alvy Ray Smith
Titre original : The adventures of André & Wally B.
"Après une bonne sieste en forêt, André se retrouve nez à nez avec une abeille au dard acéré..."
Mon avis :
Avant de devenir le célèbre studio d'animation que l'on connait, Pixar était une société informatique développant des ordinateurs et des logiciels de calculs. À la demande de Georges Lucas, la société engagea John Lasseter, un jeune animateur de Disney pour essayer de faire un film d'animation avec un ordinateur. Pour mémoire, les effets numériques n'en étaient qu'à leurs balbutiements. En 1982, Disney produisait le mythique Tron que réalisa Steven Lisberger (et dont une improbable suite, logiquement appelé Tron 2.0, est actuellement en production avec le retour annoncé de Jeff Bridges) et qui fit alors l'objet d'une bombe. Aujourd'hui, même si le film est toujours une référence du genre, ses effets-spéciaux sont clairement devenus obsolètes. Pourtant, le travail a l'époque a dû être faramineux et l'a simple idée de réaliser film entièrement en images de synthèse relevait quasiment de l'utopie. C'est dire si la volonté de Lucasfilm (Pixar n'étant alors qu'une simple division de la société de George Lucas) de scénariser ce qu'on nommait alors vulgairement une "démo" informatique était audacieuse et révolutionnaire.
Encore inédit en France à ma connaissance, ce "quasi" premier court-métrage de Pixar, qui date déjà de près de vingt-cinq ans (autant dire une éternité dans le domaine des effets numériques), préfigure d'une maîtrise exemplaire dans le domaine de l'animation tout numérique. Forcément désuet face aux standards actuels d'un point de vue purement visuel, ce premier essai est surtout une parfaite illustration de la créativité d'une équipe pionnière dans le domaine. Cette saynète très courte, un peu trop même, doit donc plus se regarder comme une curiosité intéressante que comme un divertissement à part entière (notons toutefois une bande originale plus qu'agréable). Toutefois, c'est déjà un très bon début pour cette petite entité alors tâtonnante.
LUXO JR.
Réalisé par John Lasseter en 1986
"Jeux de lampes... ou comment rendre une petite lampe de bureau aussi attendrissante q'un être vivant ! "
Mon avis :
Deux ans plus tard donc, Steve Jobs (le co-fondateur d'Apple) rachète les services d’infographie de la société à Lucasfilm (pour une poignée de dollars d'une valeur de 10 millions) et fonde officiellement Pixar. La même année, leur "premier" né, Luxo Jr, est nominé pour l’Oscar du meilleur court-métrage. Déjà, Pixar atteint des sommets. Chose surprenante, Luxo Jr. ne recevra pas l’oscar mais se rattrappera à travers le monde en rafflant plus d'une vingtaine de prix prix à travers le monde (dont lOurs d'argent au festival du cinéma de Berlin). La petite lampe héroïne de cette histoire est connue de tous, y compris ceux ne connaissant pas le court métrage, puisqu'elle deviendra dès lors l’emblème du studio.
Présenté en introduction de Toy Story 2 dans les salles obscures, Luxo Jr. n'a en rien perdu de sa superbe aujourd'hui ; c'est-à-dire plus de vingt ans après. Maîtrisant parfaitement toutes les ressources de l'animation numérique de l'époque, l'équipe de John Lasseter choisit astucieusement d'animer des objets d'ordinaire inertes (et ayant l'avantage de présenter une texture assez lisse et uniforme) au lieu d'être vivants (bien plus difficiles à modéliser alors) et trouve le moyen de nous émouvoir en nous présentant les pérégrinations d'une lampe de bureau "maman" et de son rejeton facétieux. C'est drôle, graphiquement bluffant pour ce qu'il convient d'appeler un "dinosaure" numérique et également très réussi d'un point de vue sonore ; les bruitages étant étonnamment précis et bien intégrés. Bien sûr, le court-métrage s'adresse plus volontiers à un public jeune. Toutefois, les plus grands y trouveront aussi leur compte grâce à cet incroyable génie que possède le studio à donner vie à la plus improbable des choses inanimées.
RED'S DREAM
Réalisé par John Lasseter en 1987
"Par un soir de pluie dans un magasin de vélos, Red, un petit monocycle abandonné, rêve d'une gloire improbable en compagnie d'un clown nommé Lumpy..."
Mon avis :

Probablement le plus "sombre" court-métrage réalisé par le studio Pixar, Red's dream est à ma connaissance encore inédit en France. Au-delà de ses qualités graphiques une fois encore impeccables (dont la texture de la pluie est un brillant exemple), ce court-métrage surprend surtout par son ambition scénaristique. Si l'excellent Philip K. Dick s'interrogeait déjà en 1966 dans un roman en posant la question : Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? (rendu culte au cinéma par un certain Ridley Scott sous le titre Blade Runner), John Lasseter en fait de même en 1987 avec un objet des plus incongrus puisqu'il s'agit d'un monocycle.
Celui-ci rêve en effet de gloire au sein d'une arène de cirque où il tiendrait la vedette avec un clown acrobate, au point même de la lui ravir ; le point fort de Red's dream étant de se garder d'être explicite sur la "réalité" de ce que l'on observe : souvenir d'une autre époque ou rêve fantasmé ? Et si le roman de Philip K. Dick eut pour un temps en France le titre de Robot Blues, ce court-métrage aurait tout autant plus se nommer Monocycle Blues tant il respire la mélancolie. Cette absence d'humour, si caractéristique des autres Pixar, est ici compensée par cette étonnante émotion procurée par une "simple" roue de vélo améliorée. Peut-être pas aussi fun que les autres réalisations du studio, Red's dream n'en demeure pas moins très touchant et c'est donc sans surprise qu'il remporta l'année de sa sortie le prix du festival du film d’animation de Zagreb.
TIN TOY
Réalisé par John Lasseter en 1988
"Un jouet musical tente d'échapper à un redoutable bébé...." Préfigurant très fortement Toy Story et Monstres & Cie, ce court-métrage réalisé il y a tout juste vingt ans narre les péripéties d'une bande de jouets animés tyranisé par un bébé aux pulsions destructrices. Il fut à l'époque le premier court du studio à remporter l'Oscar du meilleur-court métrage.
Plutôt drôle et doté d'une bande-son une nouvelle fois très inspirée, Tin Toy n'est pourtant pas le plus bluffant des court-métrages Pixar. En effet, si le truculant petit jouet homme-orchestre est très attachant, le bébé est d'apparence assez hideuse. Ce dernier, qui bénéficie quand même d'une animation faciale assez impressionnante pour l'époque, permet surtout de voir à quel point l'équipe de John Lasseter a évolué. Pour le reste, il s'agit d'un petit divertissement bien agréable.
KNICK KNACK
Réalisé par John Lasseter en 1992
LE JOUEUR D'ÉCHECS
Réalisé par Jan Pinkava en 1997 Titre original : Geri's game
"Geri se lance dans une partie d'échecs. Il apparaît comme un gentil vieillard, mais en changeant de côté pour jouer avec les pions noirs, il devient son propre alter ego, plus rapide et plus jeune..."
Mon avis :

Sorti avec 1001 Pattes, Le joueur d'échecs est le premier court-métrage à ne pas être réalisé par le talentueux John Lasseter. C'est donc Jan Pinkova qui se retrouve aux commandes de ce court qui se sera fait attendre : neuf ans séparent en effet celui-ci du dernier en date, Knick Knack. Et si le précédents opus n'ont pas démérité d'un point de vue purement technique, il faut tout de même reconnaître les incroyables progrès du studio dans le domaine de l'animation numérique. Les décors, splendides, fourmillent de détails et, surtout, un humain est pour la première fois représenté de manière aussi réaliste (ce qui vaudra au studio un autre Oscar dans la catégorie meilleur court-métrage). Bien sûr, le personnage reste très cartoonesque, mais ses mouvements tout comme ses expressions, à savoir parfaits, font de lui un personnage extrêmement attachant.
Avec un postulat simplissime (un vieil homme jouant aux échecs tout seul), Pixar parvient le tour de force de réaliser un court-métrage où le comique de situation côtoie admirablement la tendresse affectueuse. Geri (certainement français à en juger par l'accompagnement sonore) est un personnage fait certes de codes informatiques, mais au sourire incroyablement communicatif. Et quel plaisir de le retrouver en réparateur de jouets dans une courte séquence de Toy Story 2 ! Indéniablement, Le joueur d'échecs s'impose donc comme un classique du genre qu'il indispensable de voir, et revoir.
DRÔLE D'OISEAUX SUR UNE LIGNE À HAUTE TENSION
Réalisé par Ralph Eggleston en 2001
Titre original : For the birds
"Un oiseau un peu envahissant, et surtout très maladroit, essaie difficilement de s'intégrer à une bande de volatiles nerveux et égoïstes en se posant sur la ligne à haute tension qu'ils occupent..."
Sorti en introduction de Monstres & Cie, ce nouvel opus Oscarisé est encore une fois prodigieux. Réalisé en 2001 par Ralph Eggleston, Drôles d'oiseaux sur une ligne à haute tension suit l'intrégation difficile d'un oiseau un peu gauche au sein d'une bande de volatiles moqueurs. En utilisant un comique visuel qui n'est pas sans rappeler les univers de Chuck Jones ou de William Hanna & Joseph Barbera, ce court-métrage est un régal des yeux où se côtoient excellence graphique et prouesses techniques.
Aussi génial que Le joueur d'échecs, Drôles d'oiseaux sur une ligne à haute tension est sans conteste l'un des meilleurs du studio. C'est touchant et raffiné. Ça parle de tolérance et même d'humanité. C'est surtout très drôle et absolument incontournable.
LA NOUVELLE VOITURE DE BOB
Réalisé par Peter Docter en 2002
Titre original : Mike's new car
"Bob n'a qu'une envie : montrer sa nouvelle voiture à son ami Sulli. Mais il a quelques difficultés à maîtriser le véhicule..."
SAUTE-MOUTON
Réalisé par Bud Luckey en 2004
Titre original : Boundin'
"Les aventures d'un petit mouton, véritable coqueluche de la prairie pour ses talents de danseur, qui tombe dans une profonde déprime le jour où on le tond. Un lapin-antilope va alors lui apprendre le sens de la vie en chansons... et en bonds !"
BABY-SITTING JACK JACK
Réalisé par Brad Bird en 2005
Titre original : Jack-Jack Attack
"Qu'est-il arrivé à Jack-Jack Parr, et à sa baby-sitter, pendant l'absence de ses indestructibles parents ? La réponse dans ce court-métrage... "
L'HOMME ORCHESTRE
Réalisé par Mark Andrews & Andrew Jimenez en 2005
Titre original : One man band
"Une petite fille rencontre deux musiciens de rue. À qui ira sa seule et unique pièce ? Le duel s'engage..." Mon avis :

Sorti en préambule de Cars, L'homme orchestre est un magnifique court-métrage réalisé par Mark Andrews et Andrew Jimenez (dont l'homonymie est assez amusante) et qui, une fois encore, sera couronné par un Oscar. Contrairement à ce que le titre annonce, il s'agira bien du duel de deux hommes orchestre qui rivaliseront de trouvailles musicales pour charmer la petite fille (et nous par la même occasion).
Depuis le petit jouet multi-musicien de Tin Toy en 1988, Pixar a énormément progressé pour nous offrir un court-métrage d'une aussi grande qualité aussi somptueux qu'enchanteur. Le retranscription de cette petite place pittorresque d'un village italien est magnifique, la réalisation fabuleusement rythmée et l'histoire riche de rebondissements inattendus. Mais surtout, L'homme orchestre est un court-métrage très drôle à la musique enivrante, aux personnages captivants et, sans nulle doute, l'un des meilleurs du studio.
MARTIN ET LA LUMIÈRE FANTÔME
Réalisé par John Lasseter & Dan Scanlon en 2006 Titre original : Mater and the ghostlight
"Martin, sympathique dépanneuse de Radiator Springs, prend peur quand on lui raconte une inquiétante histoire de lumière fantôme..."
Bien que magnifique visuellement, notamment concernant les jeux de lumière saisissants, Martin et la lumière fantôme est un peu en deçà des autres courts reprenant les personnages d'un long. L'histoire, certes amusante, n'est en effet pas très originale. Cela dit, même si le court-métrage semble destiné à un public lassez jeune, le capital sympathie toujours aussi fort des personnages lui permet d'être un divertissement honnête et globalement amusant pour tout le monde.
EXTRA-TERRIEN
Réalisé par Gary Rydstrom en 2007
Titre original : Lifted
"Quand un jeune extra-terrestre apprend les rouages de l'enlèvement d'humains sous l'œil acerbe d'un moniteur minutieux, cela devient vite un véritable festival de gags venus d'ailleurs !"
Sorti au cinéma en même temps que Ratatouille, Extra-Terrien nous montre donc un hilarant examen de conduite où un jeune extra-terrestre va, tant bien que mal, tenter de convaincre son instructeur qu'il est à même de mener un enlèvement humain sans anicroche. Évidemment, rien ne va se passer comme prévu pour cet apprenti ravisseur des étoiles déboussolé face un tableau de bord aux commandes aussi nombreuses qu'identiques.
Multi-référentiel, empruntant aussi bien à la série mythique X-Files qu'au film Signes de Night M. Shyamalan, Extra-Terrien est court-métrage d'une qualité visuelle et sonore comme toujours irréprochable. Imaginatif, coloré et d'une réalisation remarquable, ce court-métrage s'impose déjà comme l'un des plus drôles produit par Pixar.
En conclusion de cette très longue présentation du DVD Pixar, la collection des courts-métrages : volume 1 (il n'en fallait pas moins, mais attention au surmenage !), on pourrait judicieusement me demander où se situe l'intérêt de ce produit à partir du moment où ces courts-métrages sont déjà disponibles sur les DVD des longs-métrages de Pixar ? La question, bien qu'intéressante, élude deux points importants. D'une part, le présent DVD contient un certain nombre d'éléments inédits non négligeables (comme de pertinents commentaires audio des créateurs et des animations exclusives, par exemple). D'autre part, et surtout, il offre une vision d'ensemble sur les vingt-cinq premières années de ce studio, leader incontestable de l'animation numérique, alliant créativité, maîtrise et succès.
Et l'histoire ne s'arrête pas là étant donné qu'un court-métrage inédit (et malheureusement non disponible ici) de Jim Capobianco, intitulé Notre ami le rat, vient compléter le DVD sorti récemment du film Ratatouille de Brad Bird. L'animation "traditionnelle" est morte, vive Pixar !
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Cinéphile Amateur 09/04/2008 21:31
:0051:Sebiwan 09/04/2008 09:41