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LA SHINÉMATHÈQUE

LA SHINÉMATHÈQUE

« La connaissance s'accroît en la partageant. »

Finding Jack : James Dean de retour au cinéma ?

En 2013, Ari Folman livrait avec Le Congrès une réflexion sur le métier d'acteur, et son devenir, avec l'avènement de la technologie de reproduction numérique. Dans son film, Robin Wright (incarnée par la véritable Robin Wright), se voyait ainsi proposer par la Miramount d'être scannée ; son alias pouvant alors être librement exploité dans tous les films que la major hollywoodienne déciderait de tourner.

Dans ce film, une Robin Wright bien vivante y donnait son accord pour que, même après sa mort, son image puisse continuer à être utilisée par les studios. Il ne s'agissait alors que d'une fiction, mais le sujet laisser déjà à réfléchir.

Au cinéma, la technologie numérique a plusieurs fois permis à des films de se terminer, malgré la mort de l'un de leurs interprètes principaux avant la fin du tournage. On peut ainsi songer à Brandon Lee dans The Crow (1994), Oliver Reed dans Gladiator (2000) ou plus récemment à Paul Walker dans Fast & Furious 7 (2015).

Bien que les acteurs soient décédés, ceux-ci avaient toutefois accepté de leur vivant d'apparaître dans ces films. Et le recours à la technologie numérique permettait ainsi de leur rendre une dernière fois hommage.

Avec la "résurrection" numérique de Peter Cushing dans Rogue One (2016), là où George Lucas avait préféré recourir à un sosie maquillé pour La Revanche de Sith (2005), la question de la réutilisation virtuelle d'un acteur défunt était déjà plus clairement posée.

Bien que l'accord de la famille de l'acteur ait été donné à Lucasfilm, on peut quand même légitimement se demander si Peter Cushing aurait accepté de tourner dans un nouveau Star Wars.

À titre personnel, s'agissant de redonner "vie" à un personnage précis incarné par l'acteur (le Grand Moff Tarkin), même si j'ai perçu cela davantage comme un hommage à Peter Cushing, j'avoue que le procédé m'avait quand même mis un peu mal à l'aise.

Et surtout, je craignais que ce procédé soit réutilisé de façon nettement moins digne par la suite (on connaît l'absence de scrupules des financiers à la tête des studios).

Malheureusement, mes craintes étaient justifiées puisque le Hollywood Reporter nous apprend que James Dean sera bientôt "ressuscité" pour un nouveau film grâce aux effets spéciaux, 64 ans après sa mort.

Pour se faire, Magic City Films entend utiliser la technologie dite "full body", permettant de recréer entièrement l’image d’une personne sur la base de photos et vidéos d’archives, sans la superposer à celle d’un autre individu. Contrairement aux précédents essais dans le genre, aucune doublure ne sera donc utilisée, mais uniquement un avatar virtuel.

Au-delà de la prouesse technologique, le procédé me parait carrément malsain. Quand bien même les ayants droits (peu scrupuleux) ont donné leur bénédiction, James Dean n'a jamais donné son accord pour apparaître dans ce Finding Jack. Cette "résurrection" numérique d’un acteur mort en 1955 est donc éthiquement très discutable.

Mais ce qui semble plus douteux, c’est que l’on présente ça comme le "quatrième film de James Dean". Car, en admettons qu’il aurait pu tourner un autre projet, rien ne prouve que c’est celui-ci qu’il aurait choisi. Impossible d’y voir un hommage à l’acteur, ce n’est rien d’autre que sordide entreprise mercantile.

Et après James Dean, que feront les studios ? Des "nouveaux" films avec Charlie Chaplin, Marlon Brando ou Marilyn Monroe ? Le cinéma actuel est-il devenu tellement fade et sans saveur que, après les remakes, reboots et autres suites à gogo, il faille désormais "ressusciter" des vieilles gloires d’antan ? Tout ceci est d’une tristesse…

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