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LA SHINÉMATHÈQUE

LA SHINÉMATHÈQUE

« La connaissance s'accroît en la partageant. »

Margaret

MargaretRéalisé par Kenneth Lonergan, sorti le 29 août 2012

Avec Anna Paquin, J. Smith-Cameron, Jeannie Berlin, Jean Reno, Kieran Culkin, Matt Damon, Matthew Broderick, Mark Ruffalo...

"Lisa (Anna Paquin), une lycéenne new-yorkaise de 17 ans, est persuadée d’être responsable d’un accident de la circulation qui a coûté la vie à une femme. Devant l’impossibilité de se racheter ou de réparer, rongée par la culpabilité, elle s’en prend peu à peu à sa famille, ses amis, ses professeurs, et surtout, à elle-même. Lisa découvre que ses idéaux de jeunesse se heurtent aux réalités et aux compromis du monde des adultes..."

 



Mon avis
(très mauvais) :
 
 

 

 

Avant d'aller voir ce film, je n'en savais franchement pas grand chose. Car c'est peut dire si la promotion faite autour de ce film fut discrète. Et pour cause. Tourné en 2005, Margaret sort finalement d'un placard poussiéreux en 2011 après bien des tractations et des désaccords entre Kenneth Lonergan et la Fox concernant principalement la durée définitive du long-métrage (j'imagine aussi que l'important succès rencontré depuis par la série True Blood, dont Anna Paquin est également l'héroïne, a peut-être pesé dans la balance). Ce délai de sortie inhabituel explique d'ailleurs pourquoi les noms de Sydney Pollack et Anthony Minghella, décédés en 2008, apparaissent au générique en tant que producteurs. Aux États-Unis, le long-métrage a donc d'abord été distribué en salles, en toute discrétion, dans sa version "courte" (2h30 quand même !) avant d'être exploité en vidéo dans la version conforme au souhait du réalisateur (pour près de 3h30 de pur bonheur !). En France, il sort l'année suivante (soit près de sept ans après son tournage) selon le même modèle (c'est la version de 2h30 qui est proposée en salles), et avec une campagne de promotion tout aussi minimaliste. Je n'avais d'ailleurs vu que cette simple affiche pour le moins énigmatique avec une Anna Paquin floutée – comme pour figurer le mouvement, m'étais-je alors demandé ?– et avec plein de noms accrocheurs en-dessous tels que Jean Reno, Matt Damon, Matthew Broderick ou encore Mark Ruffalo. Pendant un moment, j'ai même pensé – je ne sais par quelle folie – qu'il pouvait s'agir d'un thriller façon Salt (qui mettait en vedette Angelina Jolie) ou Disparue (avec Amanda Seyfried). Quand on voit le "résultat", j'étais quand même très, très, trèèèèès loin du compte... Car, de fait, Margaret est un drame, une tragédie même, qui prend son point de départ avec un stupide accident mortel (que notre chère adolescente provoque en détournant l'attention d'un chauffeur de bus coiffé d'un chapeau de cowboy qui lui avait tapé dans l'œil ; le chapeau hein, pas le chauffeur !) et se poursuit ensuite, pendant près de 2h30 donc, avec les turpitudes incessantes et autres états d'âme perpétuels d'une insupportable gamine capricieuse ; avec tout un tas de digressions inutiles autour qui ne font qu'alourdir un film déjà bien assez pesant comme ça.

   

Le pitch de base n'est pas foncièrement inintéressant. Il y avait sans doute beaucoup à dire sur le sentiment de culpabilité, les non-dits et le mensonge. Le film aborde d'ailleurs assez frontalement toutes ces thématiques. Malheureusement, il le fait de façon au mieux très maladroite, au pire franchement douteuse. À aucun moment je n'ai trouvé le "combat" de l'héroïne légitime ou juste. L'histoire commence donc alors que celle-ci cherche un chapeau de cowboy pour une soirée costumée. Après avoir arpentée, en vain, toutes les rues de la ville, elle remarque depuis la rue qu'un chauffeur de bus porte justement, ce qui semble être, le seul Stetson de New-York. Elle se lance donc à la poursuite de ce bus en marche, tambourine à la porte comme une cinglée, braille et gesticule dans tous les sens pour bien attirer l'attention du chauffeur. Tout ça jusqu'à ce que l'inévitable arrive, qu'il grille un feu, qu'un accident se produise et qu'une passante y perde la vie de façon bien brutale. Et ridicule. Sans déconner, quoi ! C'était quoi tout ces geysers de sang et ces membres tranchés baladeurs façon série Z fauchée toute pourrie ? Déjà, niveau responsabilité, l'héroïne se place là. Ensuite, lorsque le chauffeur déclare à la police qu'il est passé au vert (alors qu'on nous a montré que le feu était rouge), elle ne se contente pas de se taire mais décide, de son propre chef, sans que personne ne lui demande quoi que ce soit (y compris ce malheureux chauffeur, et contrairement à ce qu'elle affirmera plus tard), de mentir à la police et de confirmer cette version qu'elle sait fausse. Car, si un doute peut éventuellement demeurer quant à la bonne foi de ce chauffeur qu'elle a distrait de sa conduite, cette dernière a bel et bien vu le feu passer au rouge avant l'accident. Elle ment donc, délibérément. Fin du premier quart d'heure. Son acharnement à rejeter ensuite la faute sur (tous) les autres à grand renfort de "je souffre trop ma life mais vous pouvez pas comprendre !", et particulièrement sur ce chauffeur qu'elle cherche à faire payer le prix fort, n'est pas que disproportionné, il est surtout d'un cynisme totalement abject. Pas seulement vis-à-vis du chauffeur d'ailleurs, mais aussi avec toutes les personnes qui gravitent autour de son petit nombril et qu'elle traite littéralement comme de la merde (de sa mère qu'elle passe son temps à rabaisser, aux garçons qu'elle ne cesse de manipuler, jusqu'aux proches de la victime auxquels elle se permet de donner de très déplacées leçons de morale – eh oh grosse connasse, c'est à cause de toi qu'elle est morte j'te rappelle !).

   
Margaret
Cowboys don't cry.

 

Le réalisateur a beau essayé de nous la présenter comme une jeune idéaliste insoumise, l'héroïne de son film est juste  l'un des êtres les plus détestables et méprisables que j'ai vu sur grand écran. Intolérante, manipulatrice, perfide, raciste et d'un égoïsme absolu, cette petite conne bourgeoise qui croit mieux tout savoir de la vie que tout le monde est profondément antipathique. Et ce n'est  pas les (très vaines) tentatives pour faire passer, sur le tard, ce pauvre chauffeur de bus pour un danger public ambulant (j'ai bien cru qu'ils allaient en faire un violeur nécrophile à force) qui pourraient y changer quelque chose. L'héroïne est rendue d'autant plus insupportable qu'elle est interprétée par la toujours aussi hystérique et geignarde Anna Paquin. Vous la trouviez déjà outrancière et horripilante dans True Blood ? Et bien, réjouissez-vous, ici c'est pire. Je n'ai jamais vu une telle tête-à-claques sur pattes ! C'est bien simple, on a envie de l'ébouillanter à l'huile de friture et de la gifler avec un tapis de clous dès la première minute du film ! Film qui comprend alors encore cent quarante-neuf autres très longues minutes supplémentaires (pour vous donner une idée du calvaire)... Heureusement, les autres comédiens jouent plus sobrement (en même temps, difficile de faire pire), mais ça n'empêche pas l'ensemble des personnages du film d'être plus agaçants les uns que les autres. Assez ironiquement je trouve, le seul à être presque sympathique est justement celui qu'on voudrait faire passer pour la pire des ordures... Globalement, malgré la multitude de sous-intrigues confuses et inutiles (la romance de la mère, les amourettes de la fille, les fantasmes des garçons, la chatte à la voisine), les personnages peinent à exister (Matt Damon, Mark Ruffalo ou Matthew Broderick doivent cumuler un quart d'heure de présence au total) et ne semblent être là que pour subir les interminables caprices de l'héroïne. On notera quand même l'inestimable présence de Jean Reno en séducteur italien, colombien, espagnol, ou peut-être mexicain, et son accent à faire passer celui de Gérard Lanvin dans Mesrine pour un modèle de sobriété. Là encore, quel intérêt fondamental il y avait-il pour faire de Jean Reno cet ersatz ridicule de Antonio Banderas ? Plus aucun acteur latino n'était disponible ou bien ? À moins qu'il ne s'agisse d'un hommage déguisé au Chat Potté... Mais, j'en doute. Après le désastreux Godzilla de Roland Emmerich, je crois qu'il serait de bon ton de conseiller à Jean Reno de ne plus s'aventurer à partager l'affiche avec Matthew Broderick. Ça serait un véritable service à lui rendre. Soyez pas vache les gars !

 

Ce qui aurait également pu rendre service à ce Margaret, c'est que les techniciens ne s'endorment pas dans la salle de montage (remarquez, je ne leur jette pas la pierre, je m'emmerdais déjà juste en regardant le film...). Si on enlevait toutes les interminables scènes de marche au ralenti et autres longs travelling circulaires qui ne mènent à rien (comme si Lars Von Trier avait eu la brillante idée de faire un remake d'un film de Zack Snyder), on gagnerait bien trois quarts d'heure. Facile. Ce qui n'aurait pas été du luxe. Et encore, ça ne tiendrait qu'à moi, on virerait aussi la partie Frédéric Taddeï présente au théâtre et à l'opéra – ouais c'est joli, ouais c'est culturel, ouais c'est surtout chiant... Purée ! Quand je pense qu'il existe une version de 3h30, que Martin Scorsese en personne aurait qualifié de "chef d'œuvre" d'après le dossier de presse du film (je lui fais confiance, je n'irai pas vérifier), je me dis qu'on l'a quand même échappé belle ! Pour meubler, parce que le réalisateur adore meubler (note pour plus tard : lui offrir le catalogue Ikéa et lui piquer sa caméra ; ça rendra service à tout le monde), Kenneth Lonergan a également agrémenté le film (pour notre plus grand plaisir !) de dialogues pompeux à base de littérature anglaise pour les Nuls (Margaret serait un personnage de Shakespeare ; il dit qu'il voit pas l'rapport ?), de psychologie de comptoir (mais sans la truculence de Jean Carmet) et de raccourcis géopolitiques qui nous permettent surtout de constater que la fameuse Loi de Godwin  se vérifie aussi dans les films américains tout naze (selon Mike Godwin : « Plus une discussion en ligne dure longtemps, plus la probabilité d'y trouver une comparaison impliquant les nazis ou Adolf Hitler s’approche de 1. »). À plusieurs moments du film, je suis d'ailleurs resté complètement sidéré devant le niveau de connerie débité par certains personnages. C'est du lourd. Mais, là encore, j'espère que c'était surtout maladroit. Par le scénariste du bancal Gangs of New-York en même temps (qui se démarquait davantage par la virtuosité de sa mise en scène et la force de son casting que par la profondeur de son scénario), je serais à peine surpris. Bref.  Margaret n'est pas qu'une déception, c'est un échec. Et finalement, je suis bien content que Mark Ruffalo (le seul à s'en sortir honorablement selon moi) ne soit pas compromis plus de cinq minutes dans ce naufrage quasi intégral...

 


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M
<br /> Non merci monsieur je ne suis pas interessé... Non je veux pas voir la version de plus de 3 heures... Laissé moi monsieur maintenant ou je porte plainte pour préjudice moral...<br />
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