Réalisé par Pierre Morel, sorti le 27 Février 2008
Avec Liam Neeson, Maggie Grace, Famke Janssen, Xander Berkeley, Holly Valance ...
"Que peut-on imaginer de pire pour un père que d'assister impuissant à l'enlèvement de sa fille via un téléphone portable ? C'est le cauchemar vécu par Bryan (Liam Neeson), ancien agent des services secrets américains, qui n'a que quelques heures pour arracher Kim (Maggie Grace) des mains d'un redoutable gang spécialisé dans la traite des femmes. Premier problème à résoudre : il est à Los Angeles, elle vient de se faire enlever à Paris..."
Grandement popularisée en 1971 par le classique de Sam Peckinpah, Les chiens de paille, le film-vendetta (ou la loi du Talion est au cœur du récit) a par la suite fait de nombreux émules jusqu'à la fin des années 1980 ; à l'image de Charles Bronson (Un justicier dans la ville) ou de Clint Eastwood (Le retour de l'inspecteur Harry). Oublié un temps, le genre a été récemment remis au goût de jour tant dans sa version masculine que féminine, qu'il s'agisse de Kevin Bacon (Death Sentence) ou de Jodie Foster (À vif). Indéniablement, le film de Pierre Morel s'inscrit directement dans cette mouvance, et de manière plutôt efficace de surcroît.
Après un avoir mis un scène un Banlieue 13 aussi décérébré qu'efficace, on savait que le bonhomme avait au moins le potentiel d'un Louis Leterrier (autre poulain l'écurie Besson par ailleurs) pour nous offrir un divertissement de qualité sans prise de tête. Ce qui est ici tout à fait le cas. Le scénario, réduit à son minimum, a en effet le bon goût d'éviter les lourdeurs habituels du film d'action à la sauce Besson : à savoir l'humour foireux à profusion et les séquences répétées où se trimbalent des bonnasses aussi aguicheuses qu'inutiles. Notre bonhomme ne s'encombrera donc pas d'un acolyte lourdingue et ne s'embarrassera pas plus d'une love story à deux balles. Plus solitaire que jamais, il va se contenter de tataner les méchants, de sauver sa fille adorée et de rentrer au bercail. Point final. Circulez, il n'y a plus rien à voir.
Un air de ressemblance dans la famille Besson ?
Dans le rôle du papa poule, une idée aussi inattendue que bienvenue : Liam Neeson. Davantage connu pour ses rôles plus "tranquilles" (La Liste de Schindler, Love Actually, Dr Kinsey), l'acteur irlandais a pourtant déjà imposé son impressionnant mètre quatre-vingt-treize dans le vengeur Darkman de Sam Raimi ou encore aux côtés des Jedis de La Menace Fantôme de George Lucas. Tout à fait crédible dans ce rôle d'action man, Liam Neeson est plus charismatique que jamais dans le rôle de ce père aimant, presque ordinaire (je dis bien "presque"). Dans le film de Ron Howard, La Rançon, les ravisseurs avaient déjà fait l'erreur de sous-estimer le "gentil papounet". À l'instar de Mel Gibson, dans une version brutale rappelant fortement Payback (le film de Brian Helgeland), notre cher Qui-Gon Jinn va rapidement faire comprendre aux vilains tout le poids de leur erreur. Plus impitoyable que Jack Bauer lorsqu'il s'agit de sauver sa fille (qui s'appelle Kim également), Liam Neeson va faire pleuvoir les coups plus rapidement que Jason Bourne (d'ailleurs, la façon "caméra au poing" de filmer autant que les effets sonores survitaminés rappelle l'atmosphère des films de Doug Liman et Paul Greengrass) sur les sales proxo-mafioso-albanais qui ont osé poser leurs sales mimines sur sa progéniture. Rapide, efficace et peu bavard, notre super-papa est surtout sans pitié et sans scrupule pour sauver sa fille chérie. Cette absence de politiquement correct (il frappe, torture et tue sans ménagement) est suffisamment rare aujourd'hui pour qu'on la souligne (la séance de torture, visuellement soft je vous rassure, est d'ailleurs assez surprenante jusque dans sa conclusion). C'est du coup plutôt appréciable et, vraiment, l'acteur irlandais est absolument parfait dans ce rôle. Autant dire qu'il porte entièrement le film sur ses épaules.
Le reste de la distribution tient effectivement plus du faire-valoir qu'autre chose, même si le casting tient globalement bien la route. Bien sûr, les méchants sont très méchants, les gentils très gentils (dixit Les Inconnus) et la police française très caricaturale (ce n'est pas non plus Taxi !), mais ça n'enlève rien à l'efficacité du film (qui ne cherche pas non plus à dresser une chronique sociale). En revanche, je regrette un peu tout de même que le personnage de Famke Jenssen n'ait pas été davantage exploité. De plus, la jeune Maggie Grace (qu'on a déjà pu apercevoir dans la série LOST) joue affreusement mal dans ce film ; son jeu se résumant à trois expressions tout au plus (sourire, se plaindre, pleurer) et à sautiller partout comme une danseuse de Tecktonik s'étant enfilée six RedBull d'affilée. Bon, faut dire aussi que son personnage de fille à papa capricieuse et niaise au possible (imaginez une Paris Hilton de 15 ans encore plus écervelée...) n'est pas superbement développé non plus... Heureusement, comme elle est vraiment très naïve et surtout très stupide (et que le scénario ne s'embarrasse pas des détails), elle file son adresse à un parfait inconnu louche dès son arrivée à Paris et se fait rapidement enlever. Après, comme on ne verra plus sa tête à claques avant un bon moment, on a tout le loisir d'apprécier le film et l'interprétation impeccable de Liam Neeson. Et ça c'est bien.
Pour conclure, je dirai que, si Taken ne fait que survoler le sujet de la traite des femmes et les réseaux de prostitutions de la capitale (et demeure assez caricatural dans ce qu'il décrit), son esthétisme glauque très sombre (très loin du Paris de carte postale) a été singulièrement soigné et s'avère assez bien en phase avec les thématiques que le film aborde. Cette réussite au niveau de l'ambiance visuelle est à rapprocher de l'efficacité remarquable des époustouflantes scènes d'action du film et lui donne une contenance quelque peu inattendue. De fait, Taken ne nous épargne pas les séquences d'anthologie ; à l'instar de cette scène du repas, complètement hallucinante et particulièrement savoureuse. Simple, net et surtout efficace, le film de Pierre Morel remplit donc parfaitement son contrat de divertissement garantie "sans prise de tête" et pallie à son manque d'originalité certain au travers l'efficacité de la mise en scène du réalisateur et le charisme remarquable de l'étonnant Liam Neeson. Et comme le film dure à peine 1h25, on n'a pas vraiment le temps de s'ennuyer...
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