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LA SHINÉMATHÈQUE

LA SHINÉMATHÈQUE

« La connaissance s'accroît en la partageant. »

Toy Boy

Toy Boy
Réalisé par David MacKenzie , sorti le 8 Juillet 2009
Titre original : Spread

Avec Ashton Kutcher, Anne Heche, Margarita Levieva, Sebastian Stan, Sonia Rockwell, Sarah Buxton, Ashley Johnson, Eric Balfour ...

"Véritable séducteur, Nikki (Asthon Kutcher) mène une vie facile : belles nanas, grosses voitures et villas de luxe. Tout en multipliant les conquêtes, il se fait entretenir par une riche avocate d'Hollywood, chez qui il passe le plus clair de son temps à faire la fête et à prendre du bon temps. Tout se passe bien pour Nikki jusqu'au jour où il rencontre Heather, une somptueuse serveuse qui lui fait tourner la tête pour de bon. Il commence à croire à l'amour lorsqu'il s'aperçoit qu'elle joue au même jeu que lui..."




Mon avis
(médiocre) :




Contrairement à ce que peut laisser supposer son affiche gentiment délurée et la nature de son acteur principal (Ashton Kutcher, que l'on a trop vite fait de cantonner aux rôles de bellâtres imbéciles depuis la pourtant excellente série That '70s Show), Toy Boy n'est en rien une énième comédie américaine légère à destination des adolescents prépubères. Qui plus est, si la mise en avant du nom des deux acteurs principaux du film (Ashton Kutcher et Anne Heche) aurait également pu laisser à penser qu'on se tenait là devant une nouvelle comédie romantique débonnaire comme Hollywood en raffole tant (le principal intéressé s'étant d'ailleurs déjà illustré dans le genre à plusieurs reprises avec les divertissants Pour le meilleur et pour le rireBlack/White, Jackpot et le surtout très recommandable 7 ans de séduction), ce n'est pas franchement le cas non plus. D'une part, Anne Heche a un rôle assez secondaire dans le long-métrage, et doit  de surcroît partager  son temps de présence avec l'autre rôle féminin du film (jouée par Margarita Levieva) ; contrairement à Ashton Kutcher dont l'omniprésence pourra autant plaire qu'agacer (selon les affinités de chacun avec l'acteur). D'autre part (et surtout, serais-je tenter de dire), les scénaristes Jason Hall et Paul Kolsby semblent avoir voulu s'orienter vers une histoire ressemblant à nulle autre, mais qui (à trop vouloir se différencier peut-être) finit par  ressembler à pas grand chose. Traité de façon outrageusement sérieuse, Toy Boy est en effet rarement drôle à proprement parlé (si on excepte  quelques rires nerveux, et souvent involontaires). Certes, que le film ne soit pas une comédie n'est nullement une tare en soi, mais c'est déjà une belle tromperie sur la marchandise en l'espèce (celui-ci étant quand même un peu vendu comme tel) et cela risque, en outre, d'en déconcerter plus d'un (ce qui fut mon cas).

Pour être tout à fait honnête, je connais mal David MacKenzie, le réalisateur du film. Toutefois, on m'avait dit le plus grand bien de ses autres réalisations (notamment Young Adam avec Ewan McGregor et My name is Hallam Foe avec Jamie Bell, sorti l'année dernière). Et si je serais bien en mal de comparer ce film avec ses précédents, je dois toutefois bien admettre avoir eu toutes les peines du monde à saisir où il voulait en venir ici. Dès les premières secondes de Toy Boy, j'ai ainsi été assez stupéfait par la description du personnage principal ; une playboy cynique passé pro dans l'art de la drague, de la baise et du fric faciles, pour qui Los Angeles ne semble être qu'un immense terrain de jeu où il peut séduire de riches proies en toute impunité et se repaître des avantages que lui offre son très avantageux physique. Avec son air désabusé et son imperturbable timbre de voix glacé, ce bon à rien au charme ravageur qu'interprète Ashton Kutcher évoque un peu le séduisant (et  totalement cinglé) golden-boy incarné par Christian Bale dans l'adaptation cinématographique du roman American Psycho de Bret Easton Ellis ; bien que notre "héros" n'aille pas tout de même jusqu'à assassiner ses proies, se contentant "seulement" ici de leur ravir argent et intimité. Ce véritable "american gigolo" n'en demeure pas moins un beau, un magnifique salaud qui abuse des faiblesses de ses victimes, bien souvent consentantes néanmoins (le personnage d'Anne Heche accepte d'ailleurs assez facilement cette situation de non-exclusivité affective, même si elle redoute surtout de ne plus être capable de faire le poids face à toutes ces jeunes bimbos aguicheuses comme le montrera la suite du métrage). Évidemment, la roue tournant toujours à un moment ou un autre,
notre jeune arriviste sans morale finira lui-aussi  par  se faire irrémédiablement par les sentiments en tombant irrésistiblement amoureux d'une sublime créature se livrant à la même "activité professionnelle" que lui.

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  Ashton Kutcher, cet obscur (homme) objet du désir...

Pas inintéressant du tout sur le papier, Toy Boy reste malheureusement trop en surface de son sujet, et les différents thèmes qu'il abordent ne sont pas suffisamment approfondis pour convaincre ou captiver ne serait-ce que l'espace d'un instant. Dès lors, l'angoisse de la solitude, le besoin d'affection qui en découle, mais aussi la peur de l'engagement, le caractère illusoire du rêve américain ou la superficialité d'une certaine bourgeoisie hollywoodienne sont à peine effleurés que le  film de David MacKenzie passe déjà à autre chose. Le long-métrage débute de fait comme une sorte d'errance sexuelle où la caméra s'attarde longuement sur les corps tout en cherchant à illustrer la vacuité de ces existences étalées langoureusement via une étonnante mise en abîme filmique. Aussi vide en substance que ce qu'il décrit, le film laisse alors le spectateur devant un interminable étalage de corps nus et lascivement entrelacés que le réalisateur exhibe sans passion. Très loin d'atteindre la tension érotique de certains longs-métrages du talentueux Paul Verhoeven,
les expériences sexuelles du personnage principal défilent alors avec une crudité qui peut certes surprendre (le cinéma américain étant souvent assez prude à ce niveau), mais qui sombre bien trop souvent dans une provocation porno-explicite qui dépasse même la vulgarité des épisodes le plus graveleux de la série Nip / Tuck (et que l'on pourrait résumer par cet extrait de dialogue pour le moins éloquent : « Tu veux me raser la chatte ? »). Assez peu palpitante si l'on excepte le spectacle de fesses et de seins qui nous est proposé (et quelques belles trouvailles esthétiques, dont un magnifique plan-séquence à la façon de Brian De Palma dans une boîte de nuit durant lequel l'œil du spectateur flotte parmi les invités), cette première partie reste très floue sur les intentions du réalisateur. Le doute s'installe d'ailleurs d'autant plus à mesure que le film avance et que l'histoire ne cesse d'emprunter de rébarbatifs changements de situations narratifs.

Toy Boy abandonne ainsi la description aigre de cette ville complexe où la splendeur et la misère arpentent les mêmes trottoirs pour prendre les oripeaux tardifs d'une romance aussi peu crédible qu'inutile tant la psychologie des personnages reste terriblement sommaire. Leur glissement progressif vers une sorte de prise de conscience est effectivement bien trop vite effleuré (à peine
l'idée que le protagoniste principal de l'histoire en soit rendu à se prostituer pour un vulgaire sandwich est-elle évoquée qu'une main charitable vient miraculeusement lui apporter foyer et affection) et leurs relations trop prestement expédiées pour que le semblant de leçon de morale que l'on nous balance inopinément en fin de course nous émeuve vraiment. Après avoir aussi maladroitement emprunté les détours de la comédie romantique acidulée et ceux du téléfilm érotique de luxe, la dernière image dont le film se pare a franchement de quoi à l'instar du message qu'on essaie de nous faire passer   laisser pantois (sur le thème de la vénalité comme mode de vie, la comédie française Hors de prix de Pierre Salvadori m'avait déjà autrement plus séduit ; tout comme Les Lois de l'attraction de Roger Avary – d'après un roman de Bret Easton Ellis là encore – m'avait davantage convaincu quant à sa manière de décrire la remise en question douloureuse d'un séducteur inconséquent et la superficialité des rapports humains). Et malgré l'implication évidente d'Ashton Kutcher (à la fois interprète et producteur de Toy Boy), j'ai vraiment eu du mal à m'intéresser à la destinée de ce personnage qui – dans ses forces comme dans ses faiblesses ne m'a jamais touché ; j'avais même parfois l'impression que l'acteur n'y croyait pas trop lui non plus (quelle  drôle d'idée aussi de l'avoir ainsi affublé de ridicules boxers rose à fleurs et d'improbables bretelles durant tout la durée du film...). Hormis les trop furtifs personnages incarnés par Sebastian Stan et Ashley Johnson, je n'ai d'ailleurs trouvé aucun protagoniste attachant (malgré le physique fort plaisant d'Anne Heche et de Margarita Levieva, les personnages qu'elle interprètent restent en effet aussi transparentes que les tenues qu'elles portent).

Pour passer le temps durant cette longue centaine de minutes, il ne reste alors plus qu'au spectateur de s'amuser du singulier parallèle qu'il existe entre la vie privée d'Ashston Kutcher (marié à une Demi Moore dont il est de 15 ans le cadet) et son rôle à l'écran
(un gigolo qui abuse de femmes plus âgées et plus fortunées que lui), même si on aurait sans doute apprécié que son numéro d'autoparodie soit plus concluant et le film alors nettement plus passionnant...


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V
Hello,Tu es très généreux dans tes smiley avec ce film mais bon je peux le comprendre (moi même je suis parfois très généreux lol). Pour ma part, ca reste quand même du grand n'importe quoi. Un grand vide qui ne va nulle part et qui n'as pas sa place en salle ni même sur grand écran. J'ai vraiment été déçu et sur ce coup, une grosse comédie potache grossière et riche en stéréotypes serait mieux passé que ce film peu inventif.Vlad
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