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LA SHINÉMATHÈQUE

LA SHINÉMATHÈQUE

« La connaissance s'accroît en la partageant. »

Die Hard 5 : Belle journée pour mourir

Die Hard 5 : Belle journée pour mourir
Réalisé par
John Moore, sorti le 20 février 2013
Titre original : A Good Day to Die Hard
 
Avec Bruce Willis, Jai Courtney, Sebastian Koch, Yuliya Snigir, Radivoje Bukvic, Cole Hauser, Amaury Nolasco, Mary Elizabeth Winstead ...  
 
"Cette fois-ci, John McClane (Bruce Willis), le flic qui ne fait pas dans la demi-mesure, est vraiment au mauvais endroit au mauvais moment après s’être rendu à Moscou pour aider son fils Jack, qu’il avait perdu de vue. Ce qu’il ignore, c’est que Jack (Jai Courtney) est en réalité un agent hautement qualifié de la CIA en mission pour empêcher un vol d’armes nucléaires. Avec la mafia russe à leur poursuite et la menace d’une guerre imminente, les deux McClane vont découvrir que leurs méthodes radicalement différentes vont aussi faire d’eux des héros que rien ne peut arrêter..."
 

Mon avis (très bon) :      


On ne présente plus vraiment la franchise Die Hard aujourd'hui. À l'instar de Terminator pour Arnold Schwarzenegger, de Rambo pour Sylvester Stallone ou encore de L'Arme Fatale pour Mel Gibson, cette saga a largement contribué à installer définitivement Bruce Willis au panthéon des stars du film d'action durant la fin des années 1980 et le début des années 1990 ; et à faire de John McClane l'une des, si ce n'est la figure emblématique du héros américain moderne ultra badass. Vingt-cinq ans après sa création sur grand écran, le plus célèbre lieutenant de police de New-York se retrouve donc encore une fois au mauvais endroit au mauvais moment pour cette cinquième incursion dans les salles obscures ; et ce, même si les puristes les plus extrêmes continuent de considérer que l'esprit véritable de Die Hard n'existe que dans deux longs-métrages – Piège de Cristal et Une journée en enfer (à savoir les seuls réalisés par l'irremplaçable John McTiernan, ou McT pour les intimes) – et que le reste c'est un peu de la daube, voire même une trahison complète de ce personnage mythique. Même si je reconnais sans aucune réserve l'incontestable supériorité des deux films mis en scène par le grand McT (que ce soit au niveau de la caractérisation des personnages, de l'intensité dramatique, ou et plus globalement de l'efficacité de la réalisation et du montage), je ne rejette pas non plus totalement les films de Renny Harlin – 58 minutes pour vivre (copie quasi conforme un brin pataude, mais attachante, du premier film) – ou de Len Wiseman – Retour en enfer (opus largement conspué pour son approche méga-bourrine et sa surenchère permanente de scènes WTF typiques des années 2000, assez loin donc de l'essence originale du McClane des 80s-90s (en même temps, le film est sorti en 2007) mais réalisé avec une certaine efficacité et dont la relative lisibilité du découpage reste plus qu'appréciable de nos jours).

Ayant donc jusqu'à présent apprécié cette franchise de son premier volet incontestable à son dernier épisode polémique, la perspective de ce cinquième Die Hard m'a dans un premier temps fortement enthousiasmé avant que mon impatience ne cède le pas à une très forte appréhension à mesure que le projet se concrétisait. Si l'idée d'accoler un fils à McClane (après une fille dans le long-métrage précédent) me semblait déjà être la preuve évidente d'un certain manque de créativité, l'annonce du nom du réalisateur a bien failli me failli me liquéfier sur place : John Moore. Le sinistre John Moore. Le tâcheron ultime à la filmographie la plus épouvantable du cinéma américain moderne (bien que la gaillard soit irlandais). Le mec responsable de l'abominable remake de La Malédiction, du pourrave Vol du Phœnix (encore un remake), du tout juste passable En territoire ennemi (genre de Steven Seagal de luxe avec un Owen Wilson improvisé en improbable action man mollasson) et surtout de l'infâme Max Payne (obscur navet dont le souvenir m'est encore si douloureux aujourd'hui, malgré toutes mes tentatives désespérées pour l'effacer de ma mémoire). Franchement, on aurait choisi Uwe Boll ou Fabien Onteniente que j'aurais à peine été plus atterré. Si on ajoute à ça un scénariste tel que Skip Woods, pas franchement un chantre de la subtilité, à qui on doit les scripts bourrins complètement cons de Opération Espadon, Hitman, X-Men Origins : Wolverine et L'Agence tout risquequi valent surtout pour leurs castings solides et les qualités de leurs réalisateurs respectifs (or "qualités" et John Moore sont deux termes que j'ai d'ordinaire bien du mal à associer) – on avait carrément de quoi s'ouvrir les veines tout de suite. Bref, à partir de là, pour espérer ne serait-ce qu'un film d'action correct, il fallait déjà être sacrément optimiste. Quant à envisager un seul instant que le réalisateur de Max Payne puisse pondre un bon Die Hard, c'était alors faire preuve d'une naïveté assez confondante...

Die Hard 5 : Belle journée pour mourir
John McClane : « Mon fils, ma bataille ! »
 
Pourtant (et je suis le premier à en être surpris), je reconnais avoir passé un moment nettement moins pire que prévu devant ce Die Hard 5... Attendez une minute, ne me lyncher pas tout de suite ! Certes, ce Belle journée pour mourir est clairement l'opus le plus raté de la série. Il n'a d'ailleurs que peu de choses à voir avec les autres films de la franchise (hormis la volonté amorcée dans le quatrième volet, et amplifiée ici, d'orienter la saga vers l'action méga-bourrine et la surenchère permanente de scènes explosives), et n'a vraiment rien du tout de commun avec les films fondamentaux de John McTiernan (si ce n'est un héros s’appelant John McClane). Et oui aussi, John Moore est toujours un gros manche derrière une caméra. On ne compte d'ailleurs plus le nombre de scènes gâchées par des cadrages approximatifs (avec ces gros plans coupant systématiquement le haut du crâne et les oreilles de Bruce Willis) ou un montage à la limite du compréhensible (notamment lors de la fameuse scène de cascades autoroutières en plein Moscou). Les dialogues du film manquent globalement de peps aussi ; à l'image de la boutade sur Grenoble et Tchernobyl (blaguounette pas très drôle largement excusable), ou encore du running-gag gonflant de McClane sur le fait qu'il soit en vacances (blague nettement plus embarrassante qui donne l'impression que le personnage est devenu un vieux gâteux). La légèreté du scénario est donc flagrante à plus d'un égard. On sent d'ailleurs bien que celui-ci n'est qu'un bien maigre prétexte permettant tant bien que mal de relier entre elles les différentes séquences d'action visiblement voulues en amont par la production. Ce qui explique ainsi certainement pourquoi l'action déménage aussi soudainement à Tchernobyl en toute fin de métrage alors que rien ne le justifie vraiment (un hangar, une usine ou même une piscine municipale n'importe où ailleurs aurait permis le même rendu) ; ce site tristement célèbre pour sa terrible catastrophe nucléaire n'est d'ailleurs jamais vraiment exploité (si ce n'est à travers des bombes désodorisantes miraculeuses annihilant d'une simple pression toute radioactivité !) et permet surtout surtout le raccourci scénaristiquement le plus outrageant du film (la distance Moscou-Tchernobyl se parcourant étonnamment vite !).

On pourra aussi s'amuser que l'enjeu mélodramatique principal soit simplifié à l'extrême (la réconciliation de ces deux mâles ultra-viriles incapables de dialoguer se résumant à un simple défouraillage commun de russes à grand coup de pistolets-mitrailleurs). Mais il n'empêche que, malgré tous ces défauts, le film de John Moore reste un plaisir coupable assez jouissif. Véritable Die nan(H)ar(d) accumulant les scènes d'action explosives les plus invraisemblables, Belle journée pour mourir s'apprécie comme on déguste une production EuropaCorp balourde (mais fun) du père Besson ou un bon vieux Steven Seagal. Plus outrancier qu'un Michael Bay avec sa course-poursuite WTF digne de Bad Boys 2 (il convient d'ailleurs de saluer le travail assez remarquable des cascadeurs) ou sa chute dans le vide aussi rocambolesque que celle de The Island, John Moore propose finalement un divertissement cool et décérébré moins proche d'un John  McTiernan que d'un Mark L. Lester (surtout connu pour avoir mis en scène Arnold Schwarzenegger dans l'extravagant Commando). La chose est d'autant plus amusante que, avant d'être le film qui allait faire de Bruce Willis une icône absolu du cinéma d'action, Piège de Cristal avait un temps été envisagé par son scénariste Steven E. DeSouza (sous l'impulsion du producteur Joel Silver) comme une séquelle à Commando justement. S'il ne restera plus de cette idée, après le refus du chêne autrichien, que la présence du fameux marcel blanc (tenue ô combien emblématique partagée par les deux John, Matrix et McClane), ce Commando 2 sur le retour qu'est Belle journée pour mourir boucle donc bien malgré lui la boucle. John McClane n'est alors plus ce flic new-yorkais parvenant à se sortir des situations extrêmes plus amoché que jamais. Tel John Matrix, il est devenu ici totalement increvable, invincible, incassable (pour faire le lien avec un autre film de Bruce Willis). Un vrai bras d'honneur aux fans aussi carabiné que celui effectué par John McClane lorsqu'il traverse en l'explosant une vitre au ralenti ; mais un bras d'honneur assumé. Du coup, on pardonnera aussi ce twist qui arrive comme un cheveu sur la soupe radioactive, ou le peu de consistance des méchants (des russes discutant, entre eux, en anglais) ; surtout lorsque l'un d'eux se met de façon totalement incompréhensible à improviser, quelque part entre Fred Astaire et Bugs Bunny, un pas de danse en mangeant une carotte (débile et gratuit, mais hilarant !).

Bien entendu, on peut toujours continuer à fantasmer sur ce qu'aurait été ce Die Hard 5 dans les mains d'un Justin Lin (Fast & Furious 5), d'un Fred Cavayé (Pour elle), d'un Nicolas Winding Refn (Drive), tous pressentis avant que John Moore ne soit choisi. Néanmoins, le résultat est quand même nettement moins naze que prévu et ce gros n'importe quoi totalement foutraque finit presque par être attachant (l'ayant découvert en VO, je n'ose imaginer comme la VF peut parvenir à accroître son potentiel comique nanardesque). Et puis, un film qui a le bon goût d'inclure l'excellent Doom & Gloom des Rolling Stones en générique de fin ne peut de toute façon pas être complètement mauvais... J'ai bien dit pas "complètement" !

 

Films de John Moore chroniqués ici :
Die Hard 5 : Belle journée pour mourir ;  Max Payne

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