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LA SHINÉMATHÈQUE

LA SHINÉMATHÈQUE

« La connaissance s'accroît en la partageant. »

Sublimes Créatures

Sublimes CréaturesRéalisé par Richard LaGravenese, sorti le 27 février 2013
Titre original : Beautiful Creatures
    
Avec Alden Ehrenreich, Alice Englert, Jeremy Irons,Viola Davis, Emma Thompson, Emmy Rossum, Thomas Mann, Eileen Atkins ...  

"Ethan Wate (Alden Ehrenreich), un jeune lycéen, mène une existence ennuyeuse dans une petite ville du sud des États-Unis. Mais des phénomènes inexplicables se produisent, coïncidant avec l’arrivée d’une nouvelle élève : Lena Duchannes (Alice Englert). Malgré la suspicion et l’antipathie du reste de la ville envers Lena, Ethan est intrigué par cette mystérieuse jeune fille et se rapproche d’elle. Il découvre que Lena est une enchanteresse, un être doué de pouvoirs surnaturels et dont la famille cache un terrible secret. Malgré l’attirance qu’ils éprouvent l’un pour l’autre, ils vont devoir faire face à une grande épreuve : comme tous ceux de sa famille, Lena saura à ses seize ans si elle est vouée aux forces bénéfiques de la lumière, ou à la puissance maléfique des ténèbres... "

 


Mon avis
(médiocre) :
 
 

   
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La saga Twilight ayant (enfin !) rendu son dernier souffle sur grand écran, il n'y a rien de très surprenant à voir ainsi débarquer dans les salles obscures autant d'outsiders dont l'objectif principal semble assez clair : occuper la place, désormais vacante, de nouveau "phénomène cinématographique pour adolescentes" (et mettre la main sur la pactole qui va avec, bien entendu). Ces films terriblement opportunistes suivent donc, à peu de choses près, tous le même schéma (amour impossible, héroïne à la personnalité rebelle, beau gosse ténébreux, un soupçon de fantastique), et s'inspirent tous aussi de romans à succès ayant déjà largement fait leurs preuves auprès du public visé ; qu'il s'agisse de Hunger Games, du prochain Les Âmes Vagabondes, ou bien de ce Sublimes Créatures. Le long-métrage de Richard LaGravenese ne cache d'ailleurs pas son ambition de récupérer les fans de la saga vampirique de Stephenie Meyer (l'affiche annonce d'ailleurs assez clairement la couleur), mais il ne s'arrête pas là. L'adaptation cinématographique Harry Potter ayant également pris fin dernièrement, il cherche visiblement aussi à mettre la main sur les aficionados du fameux sorcier imaginé par J.K. Rowling. À partir de là, si l'on veut appréhender le film avec le maximum d'objectivité, il convient donc d'essayer de se mettre dans la peau du public visé. Lorsque l'on est un garçon et que comme c'est également mon cas on a près du double de l'âge requis, l'exercice est délicat. Délicat oui, mais pas impossible. Car, sans le trouver formidable pour autant, j'avais ainsi pu voir justement un film comme Twilight avec tout le recul nécessaire ; et lui avait même reconnu certaines qualités. Pas haut point de m'enquiller l'intégrale non plus – je me suis d'ailleurs arrêté au premier (faut pas déconner !) mais en tout cas suffisamment pour comprendre un tant soit peu l'engouement que cette franchise a pu générer auprès des jeunes adolescentes.

Mais là, même avec la meilleure volonté du monde, force est de constater que cette adaptation cinématographiques de La Saga  des Lunes de Kami Garcia et Margaret Stohl est juste médiocre. Coincé entre un premier degré ennuyeux et un aspect parodique peu concluant, Sublimes Créatures enchaîne donc tous les clichés du genre avec une fougue assez impressionnante, tout en tentant de jouer la carte de l'autodérision avec un ridicule assez consternant. En fait, Sublimes Créatures semble à la fois être une resucée de Twilight : Hésitation et de sa propre parodie Mords-moi sans hésitation. Le film semble surtout ne pas trop bien savoir où il va, ni vraiment comment s'adresser à un public, peut-être pas bien exigeant, mais qui en a quand même vu d'autres. Gatlin, le bled paumé où se déroule l'intrigue de Sublimes Créatures, ressemble ainsi à s'y méprendre au Forks de Twilight. On retrouve donc le même décor boisé, la même micro-société vieillotte, la même communauté de péquenauds très portés sur la religion, et j'en passe. Pendant un temps pourtant,
Sublimes Créatures surprend presque lorsqu'il amorce un semblant de critique du fanatisme religieux (trop vite éclipsée) et qu'il semble vouloir à tout prix éviter la morale mormone qui dégoulinait de Twilight. Malheureusement, la réjouissance est de courte durée, le film préférant visiblement s'enfoncer dans les clichés faussement contestataires les plus ringards et les facilités scénaristiques les plus piteuses que d'assumer, véritablement, son ambition anticonformiste ; qui  non content d'être particulièrement bien malhabile  apparait du coup comme terriblement faux derche. Ce n'est pas faisant écouter Bob Dylan à son héros, ou en citant Kurt Vonnegut Jr. et Charles Bukowski on se demande d'ailleurs ce qu'ils viennent foutre-là  qu'un long-métrage en devient pour le coup "cool et rebelle" (sauf à vouloir ressembler à un sous-Dawson pétant plus haut que son cul en essayant vainement d'empiler un maximum de références pseudo-branchouilles de la contre-culture américaine sans les comprendre)... 
 
Sublimes Créatures
        Wait ! A carrot juice ?? I'm too old for this shit !!!
   
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Alors, certes, la romance traîne moins que dans Twilight (du moins, sa concrétisation). Néanmoins, elle apparait ici comme tellement risible et capillo-tractée que j'en viendrais presque à regretter la pudibonderie de l'œuvre de Stephenie Meyer. D'un côté, on a donc le "beau mec" de la classe. Personnellement, je trouve que l'acteur a plutôt une grosse tête d'ahuri avec son sourire niais et son charisme d'endive, mais bon il sort avec la fille canon du lycée  ce qui équivaut inévitablement à "la sale peste" dans ce type du film alors c'est qu'il ne doit pas être si moche. De l'autre, on a la "pauvre fille paumée", la fille un peu bizarre incomprise et rejetée par les autres. Là encore, l'actrice a un physique très quelconque  presque moche même si on considère les chicots pourris qu'elle affiche  mais c'est une sorcière. Alors, bon. Et comme le mec veut être cool n'oublions pas que le gars lit Kurt Vonnegut Jr. et écoute Bob Dylan ! et que sortir avec la nana plus canon du lycée ça ne fait sans doute pas assez rebelle à son goût, il préfère donc griller sa côte de popularité en allant flirter avec la meuf trop chelou qui vient de débarquer et qu'il ne connaît ni d'Ève ni d'Adam   mais comme il a rêvé d'elle, c'est qu'ils sont fait l'un pour l'autre (it's so cuuuuuute !). Bref, le mec lui dit son prénom et, dix minutes plus tard, ils se roulent des pelles devant un panneau... qui prend feu. Woooouaaah ! C'trop bôôôôôô !! Quoi qu'il en soit, malgré toutes les tentatives désespérées pour faire de Sublimes Créatures un anti-Twilight, le film de Richard LaGravenese y revient pourtant sans cesse. Et son histoire d'amour s'avère tout aussi mièvre et cul-cul. Pour résumer, disons qu'on est encore dans la grosse repompe de Roméo & Juliette avec son couple de jeunes puceaux amoureux devant se battre contre les préjugés et les rivalités de leurs castes respectives ; Capulet et Montaigu ayant juste laissé place à humains et vampires/loug-garous/sorciers/créatures-chelous (rayez la mention inutile).

Les
ressemblances avec Twilight ne s'arrêtent d'ailleurs pas là. Tout comme Edward le vampire, Lena la sorcière est issue d'une famille aristocratique aisée et fantasque, avec ses cousins déjantées, ses oncles excentriques, et où tout le monde s'habille comme dans un rassemblement de fans de Tim Burton. Entre la permanente rose de mamie, les vestes à frou-frou de tonton, les robes en dentelles fuschia de tata et les jupes courtes gothico-grunge de cousine, c'est carnaval à tous les étages ! Et les décors ne sont pas en reste. Ils répondent à la même logique de mauvais goût généralisé (le hall d'entrée avec son escalier art-déco et ses incrustions en fond vert est juste pathétique de mocheté, tandis que la bibliothèque des enchanteurs envoie du rêve à peu près autant que l'architecture de la Gare du Nord). Globalement, la direction artistique de Sublimes Créatures est complètement à la ramasse ; tout comme sa photographie, dénuée du tout relief. Par moment, on se demande même si l'on est devant un film de cinéma ou devant un pilote d'une énième série télévisée pour ados (un pilote à 60 millions de dollars tout de même...). Concernant les effets-spéciaux, Sublimes Créatures n'est pas en reste non plus. Je pense d'ailleurs que les amateurs de flammes en papier-kraft et de neige en polystyrène vont franchement se régaler ! Les autres, en revanche, ne pourront qu'être consternés par autant de médiocrité. Ne se contentant pas d'être mise en scène avec un ridicule rarement atteint (bouh la main en l'air qui tremble !), la "confrontation" finale est ainsi totalement gâchée par des effets visuels hideux à base de branches d'arbre en synthèse (tellement réalistes qu'on dirait des guirlandes achetées à la Foir'Fouille) et d'éclairs lumineux ringards (si moisis que même dans Charmed ils n'auraient pas osé). C'est bien simple, on n'y croit pas une seule seconde. S'agissant d'un film qui place la magie au cœur de son intrigue, autant dire que ces artifices grossiers et ces incrustations numériques minables ultra-visibles font méchamment tâches.
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Sublimes Créatures
« Très bien messieurs, récapitulons. On est en 2013, ça donne 2-0-1-3, c'est le 21ème siècle quoi. Et j'ai le regret de vous annoncer que le monde est maintenant peuplé de couilles molles. C'est un remake de La Petite maison dans la prairie joué par une bande de pédales en robe longue ! » (Simon P.)

S'étirant sur plus de deux heures, l'histoire de  Sublimes Créatures est en outre d'une platitude consternante. Malgré sa recherche manifeste de profondeur, Richard LaGravenese (qui officie aussi en tant que scénariste) se plante assez royalement.
Avec cette subtilité d'écriture pachydermique qui plombait déjà sa romance lacrymale P.S. : I love you, le cinéaste nous livre donc un film mollasson, aux dialogues souvent risibles et aux ficelles scénaristiques poussives (à l'instar de ce sortilège d'oubli très pratique et qui arrive comme un cheveu sur la soupe pile-poil au bon moment). Quant à la caractérisation des personnages, elle ne se contente pas d'être ratée, elle est surtout totalement aberrante. Passe encore qu'on ait eu cette riche idée de prendre deux parfaits inconnus pour incarner les deux rôles principaux (on a quand même du mal à croire que lui puisse avoir 17 ans et elle 15 ans), mais encore aurait-il fallu choisir des acteurs un minimum charismatiques pour que ça reste crédible. C'est bien gentil de vouloir se la raconter en prenant un mec vu chez les Coppola (dans le Tetro de Francis Ford, ou le Somewhere de Sofia) et de faire plaisir à Jane Campion (La Leçon de piano) en choisissant sa fille, mais on aurait tout de même apprécié que le couple qu'ils forment ne soit pas aussi fade et dénué de toute personnalité. Franchement, ça ne doit pourtant pas être si compliqué. Même avec leurs tronches de constipés sous Xanax, Robert Pattinson et Kristen Stewart ne parvenaient pas à avoir l'air aussi inspides. Concernant le reste de la distribution, si Jeremy Irons fait surtout dans la figuration de luxe (ça en jette toujours d'avoir un Jeremy Irons au casting), le personnage de Viola Davis semble bouffer à tous les râteliers. Est-elle voyante extra-lucide ? Bibliothécaire ? Femme de ménage ? Cantinière créole ? Maîtresse du père (dont l'absence n'est d'ailleurs jamais expliquée) ? On ne sait pas. À moins qu'il ne s'agisse d'un hommage à la série Le Caméléon. Alors en fait, ça serait Jarod avec des nibards quoi...

Peu
inspiré au niveau de la mise en scène et du scénario, Richard LaGravenese l'est aussi concernant la direction de ses acteurs. Car si Alden Ehrenreich donne l'impression de ne pas trop savoir ce qu'il fait (alternant gravité et sur-jeu à un rythme déconcertant) et que Alice Englert semble complètement éteinte, le cabotinage en totale roue libre de Emma Thompson a quand même de quoi faire peur. S'agitant autant que possible pour masquer le manichéisme manifeste de son personnage, la star ne parvient pas pour autant à faire illusion très longtemps quant à la véritable nature de son rôle (qui se devine assez aisément). Néanmoins, son interprétation frôle tellement souvent avec le grand n'importe quoi qu'on finit malgré tout que ça soit volontairement ou non par en rire de bon cœur (ce qui est déjà ça de pris, je le reconnais). Enfin, je mentionnerai aussi la participation de Emily Rossum dont les tenues sexy sont tout de même parvenues à me sortir sporadiquement de la torpeur dans laquelle j'étais globalement plongé le reste du temps (m'enfin, j'aurais tout aussi pu avantageusement passer le temps devant Shameless à ce moment-là). En définitive, ce Sublimes Créatures reste tout de même un concentré de ce qui se fait de plus terne et de plus mauvais en terme de divertissement adolescent. Aussi insipide que sa bande originale et vide que le regard de son couple vedette, le film de Richard LaGravenese pâtit surtout de la comparaison avec ses récents concurrents (Twilight, Hunger Games) dont il n'est, au final, rien de plus qu'une copie carbone aux pays des sorcières. Certes, comme je le précisais déjà, j'ai parfaitement conscience de ne pas du tout être le public visé. Mais quand bien même, dites-moi qu'on n'est pas déjà arrivé au point de devoir se satisfaire d'un résultat aussi médiocre... Si ?

 

 

 

Films de Richard LaGravenese chroniqués ici : P.S. : I love you ; Sublimes Créatures

 

Pour voir d'autres chroniques de films : cliquez-ici

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W
<br /> Quelle horreur ce truc là... Je ne savais pas qu'on faisait encore des choses comme ça en 2013.<br />
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S
<br /> <br /> Malheureusement, si.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Pour l'instant, ça reste même ce que j'ai vu de pire en 2013. Et de loin. Et pourtant, j'ai aussi vu Passion et Les Misérables ! <br /> <br /> <br /> <br />
R
<br /> un Twilight râté !<br />
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S
<br /> <br /> C'est exactement ça. Aussi vain que parfaitement inutile.<br /> <br /> <br /> <br />
T
<br /> je n'ai pas vu ce film (je ne le sens pas ce film) mais ta critique m'a fait énormément rire ! <br />
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S
<br /> <br /> Lorsque je vais voir un film aussi mauvais, me défouler dans mon billet est encore le meilleur moyen que j'ai trouvé pour ne pas avoir eu l'impression d'avoir totalement perdu mon temps... Au<br /> moins, ça soulage ! ^^<br /> <br /> <br /> <br />